Dites-moi, faut il aller au Terroir Parisien ?

  Paris, terroir, salle 2

Lancée brillamment avec la presse accourue au coup de sonnette, la nouvelle adresse de Yannick Alleno est à présent visitable. Le soufflé a eu le temps de respirer, les chefs de prendre leurs marques, le service de calculer les angles et les marches. L’écume des badauds s’est dissipée, place à la clientèle. La situation est superbe en contrebas de l’imposant palais Brongniart, sorte de temple de la finances éviscéré de ses traders, mais toujours grec dans sa façon de regarder au loin et de  géométriser la place de la Bourse. Le restaurant en lui-même est délivré dans l’esprit du précédent lancé à la Mutualité. Vaste comptoir central, façon Atelier Robuchon (ou bar à tapas, comptoir à sushi pour être précis historiquement), et tout autour des tablées réparties dans la salle et ses recoins. Déco allégorique fayotant avec le terroir parisien, credo inspirant qui nous valut de la part de Yannick Alleno un beau livre réalisé avec  Jean Claude Ribaut et le photographe Jean François Mallet. Mais pour tout dire, ce qui nous importe, -pas vrai ?!-, c’est bien l’assiette.

L’assiette. En prenant les classiques parisiens, style pièce de bœuf au poivre, île flottante, l’imaginaire de la ville s’active immédiatement. Tout de suite surgissent de l’ombre les fantômes de chez Georges (rue du Mail), du Bistrot Paul Bert, voire du Voltaire. Aussi lorsque l’assiette arrive, on est presque frappé de stupéfaction : c’est tout petit ! Ou alors le tabouret sur lequel on est assis est devenu soudainement très haut. Grosso modo, en exagérant,  exagérons : c’est comme si le palais de la Bourse était devenu une cabane à chien. Pourquoi pas, après tout, le cupcake a frappé ici aussi. Viande valable se laissant faire sans ciller, température un peu basse, mais ça passe tant on économise ses bouchées pour ralentir le repas. Ce qui n’est pas sot en soi : les nouveaux régimes passeront par ce genre de dos d’âne gastronomique.L’île flottante procède du même rétrécissement et conclue un dîner convenable (la salade verte avait beaucoup de conversation) mais banal.

AUTRE CHOSE ?

Le service. Entre les cadres souriant professionnellement et les pioupious cavalant, ça va, mais c’est juste.

La clientèle. Aisée, mais pas dupe.

L’addition. Violente : 25 euros la pièce de bœuf, 10 euros la mini île flottante (fut elle crémeuse à souhait), 10 euros la fine tartelette au chocolat…Hou la la !

Alors, faut-il y aller ? C’est clair, non ?! Non.

Terroir Parisien, 28, place de la Bourse, 75002 Paris. Tel. : 01 83 92 20 30.

  • Fabrice Ivara
    6 février 2014 at 14 h 28 min

    Mon cher François, vous ne vous êtes pas fait « enfumer » lors de l’ouverture par un magnifique déjeuner presse ?
    J’applaudis votre critique dans la mesure où -selon moi- le concept même passe à côté : offrir le terroir aux parisiens dans une ambiance trendy ? on croirait ce concept sorti des années 90 voire 80. Le terroir, des dizaines d’adresses à Paris, moins chères, nous le subliment à Paris.
    Bref, pas mieux que Fréchon avec son Mini Palais aux allures de Costes, que les bouquinistes hors de prix de Guy Savoy, etc. Ces grands chef ont bien du mal à sortir efficacement de leur cuisine.

  • soazig de Kergoz
    7 février 2014 at 16 h 23 min

    Cher François, je ne partage pas. J’aime le Terroir Parisien de la Mutualité ou je suis retournée plusieurs fois. Je tente ce soir la version Bourse. La cuisine y est très goûteuse (rhââââââââ La brioche de Nanterre façon pain perdu…). Le Bistrot Paul Bert est tout sauf une référence : ras le bol des mêmes recettes 100 fois rabachées .Sans compter que lors de mon passage, la crème anglaise de l’ile flottante y avait un sérieux goût de tetra pack et le choux de mon paris Brest un petit air de pas très frais.. Le concept de Terroir Parisien n’est rien qu’une manière (certes pas très intéressante, mais personne n’est dupe, non ?) de faire du story telling. Au final, ce qui compte, 100% d’accord avec vous, c’est l’assiette. Et là, elle envoie du bois, façon de chaise de bistrot. Bravo a eux pour la qualité des produits travaillés, le juste niveau de gras dans chaque plat pour bien révéler les arômes sans s’alourdir, la main lègère sur le sel. De la gourmandise parfaitement maîtrisée. Spécial dédicace aux champignons de Paris qui y ont un goût de paradis. On dirait presque qu’ils sont magiques. Faut-il y aller ? la réponse est OUI 🙂

  • Gragnon
    11 février 2014 at 8 h 03 min

    Cher François, nous ne sommes sans doute pas allés au même restaurant! Lors de ma visite les portions étaient généreuses, et le déjeuner très réussi…pas donne, mais vraiment bien….alors bien sur, le délicieux Saturne est juste à côté, mais moi, j.y retournerai avec joie!

  • Emmanuelle
    24 février 2014 at 12 h 40 min

    Cher François,
    mon appréciation est moins péremptoire, quoique peu enthousiaste.

    Il est des adresses où, après s’être précipité sur sa fourchette, l’on se précipite sur sa plume ; et puis il y a les autres, celles dont on se dit qu’il faut laisser passer un peu de temps pour savoir si le souvenir en sera magnifié ou si seulement souvenir il y aura…
    Cette adresse relève plutôt du deuxième constat : c’est diffus et imprécis mais j’ai la sensation d’y avoir plutôt passé un bon moment…

    L’adresse (au 20 je crois) est tellement évidente que nous sommes passés deux fois devant sans la voir. En fait c’est côté boulevard, ouest et en entresol du Palais.
    Le décor se veut chaleureusement authentique mais la touche de design suédois m’a un peu désorientée. Pourtant c’est assez chouette et le comptoir de vente à gauche en rentrant vous fait de l’œil pour repartir avec un panier pique-nique. J’ai adoré les vieilles poutrelles rivetées peintes en noir, vestiges industriels pour lesquels j’ai toujours un faible.
    Pas le souvenir d’une musique d’ambiance, un peu bruyant malgré les plafonds travaillés et les volumes bien distribués.

    Nous y étions pour dîner à 19h30, à trois, un mardi ou mercredi.
    Personnel de salle rapide, précis, conscient d’être « in the place to be », donc un brin condescendant.
    Table bien placée, au centre, pas loin du grand comptoir et des cuisines, verres Duralex et verres hybrides Bordeaux/ Bourgogne, sets papier et serviettes tissus.

    Jolie carte simple, courte, équilibrée, façon cahier d’école vieillie (un peu Disney finalement), chico-autentico-minimaliste, une autre façon de voir le terroir, pourquoi pas, mais je m’interroge encore sur le radis-beurre…
    Terrine de volaille délicieuse, pièce de bœuf au poivre (trop poivrée pour moi), brioche façon pain perdu délicieuse au parfum d’enfance.
    Honte à moi, j’ai pris deux verres de vin dont je n’ai aucun souvenir !

    J’ai lu que vous ralentissiez la cadence au regard des quantités étriquées… je ne sais pas trop, il n’y a effectivement pas cette générosité que l’on peut attendre d’un bistrot-terroir du nom mais j’ai mangé à ma faim.
    Pour revenir à la cadence, difficile d’en être maître, les tables et le service sont organisés pour « tourner », ce qui est plutôt intelligent en termes de rentabilité.
    Mon impression générale : on est rentré, on a dîné, on est ressorti.
    Cet endroit se rêve d’être la nouvelle cantine d’une clientèle qui se cherche, un rien show off ou bobo.

    Je n’y retournerai pas, sauf pour épater un provincial qui se pense plus parisien qu’un parisien ; c’est dommage car en ce qui me concerne l’assiette est quand même là.

    • François Simon
      24 février 2014 at 12 h 47 min

      merci mille fois pour cette vison, j’adhère !

  • Délices à Paris
    29 juin 2014 at 8 h 06 min

    Je suis partagé sur cette adresse,leur navarin est extra et vaut le déplacement,par contre mon entrée et mon dessert étaient décevants aux vues de la réputation du chef.