Guy Savoy : Manger, les doigts sur la couture

BandgCes histoires n’intéressent personne mais, vous le devinez, en coulisses, un mauvais papier sur un restaurant n’est marrant pour personne.

Avec Guy Savoy, c’est gratiné. Depuis dix ans, c’est une guérilla nourrie par des repas pas mauvais dans l’ensemble mais régulièrement décevants. Voilà tout. Étant le seul dans cette indocilité, j’ai toujours eu du mal à manger les doigts sur la couture du pantalon. Du coup, lorsqu’il s’agit de retourner tester sa table (18, rue Troyon, 75017 Paris ; 01 43 80 40 61), c’est un peu mettre l’index dans la prise de courant.

Le service est toujours aux petits soins (avec en sommellerie, un type extra, Éric Mancio). Pourtant, le repas débuta à l’envers : les coquilles Saint-Jacques (62 euros), la crème de lentilles-homard (65 euros) avaient réellement du mal à décoller, ne parvenant pas bien à articuler leur propos, encombrées du gras d’herbes frites (fanes de carottes, shizo japonais). Là, j’ai eu des sueurs froides, une sorte de gong livide. Gastronomie

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  • mauss
    22 novembre 2007 at 10 h 46 min

    A ce niveau de réputation et d’addition, il est vrai que le moindre petit grain de sable peut devenir une montagne.
    Ceci dit, voilà une indulgence totalement plénière … alors que pour le si sympathique Thierry Marx, les foudres de l’enfer paraissaient définitifs !
    Je saute sur le propos du dessert, étant dans l’obligation de me contenter de salade de fruits frais (sans sucre ajouté) que généralement on prépare à la minute.
    Mes multiples récentes expériences donnent la palme d’or, sans aucune bavure, à celle du Taillevent : rien que pour cela, il faut courir, à midi, chez Jean Claude Vrinat dont le menu à € 75 est une gifle splendide à tous ceux qui affirment haut et fort, que sans un billet de $ 100, point de salue en haute cuisine !
    Certes, le soir, c’est autre chose.
    Il semble que ce soit aussi le cas à la Tour d’Argent, mais là, c’est clair, on y va avant tout pour extraire d’une cave alibabatesque une bouteille rare à prix doux dément.

  • Jacques Perrin
    22 novembre 2007 at 22 h 51 min

    Ouf, on respire, on s’attendrit, on croque cette missive comme un bonheur déguisé en gymnopédies : Guy Savoy est en voie de rédemption chez vous. Grâce au St-Pierre et aux angelots qui le convoyèrent et, à vous lire, grâc aussi à Eric Mancio, subtil symposarque qui connaît la musique… Quels sont ce Chassagne-Montrachet et ce Condrieu ? On en rêve…

  • Alain
    27 novembre 2007 at 14 h 40 min

    Des repas sublimes, d’autres plutôt banales chez Guy Savoy, c’est vrai . Mais nous pourrions en citer d’autres et pas des moindres …. j’ai eu pour ma part des déceptions chez Guy Martin, Bernard Pacaud
    Thierry Marx, Yannick Alleno, Jacques Chibois et bien d’autres encore … On demande que  » l’artiste  » soit au top tous les jours, c’est dur !!! Comme au theâtre parfois la  » sauce  » ne prend pas, le public est moins bon, l’ambiance n’y est pas … mais on paye , alors on veut .
    En parlant de déjeuner  » d’affaire  » passez donc à l’hôtel Westminster rue de la Paix , au Celadon , Christophe Moisan propose le midi un menu à 48 euros , si on y rajoute un service exemplaire, de belles tables , un sommelier qui connait son boulot et un maître d’hôtel aussi sympathique que compétent, c’est en ce moment la meilleure  » affaire  » de paris

  • emmanuelle
    30 novembre 2007 at 15 h 27 min

    pour une fois suis pas d’accord du tout. Bon évidemment j’y suis pas tous les quinze jours mais à chaque fois ce fut un grand moment. Alain a raison, l’artiste ne peut pas être toujours au top bien que ce soit le mot d’ordre de ces restau là, en cuisine et en salle. Dans ces restau, ils appellent ça la perfection (qu’est-ce que ça veut dire?)qu’ils se donnent tous les jours pour mission parce qu’au milieu des tables d’affaire, de celle d’un critique gastro, des habitués, il y a celle de ceux (dont je fus par deux fois) qui, une fois n’est justement pas coutume, casse leur tirelire et avec ceux-là, comme le disent bien les cuisiniers et serveurs de ces maisons-là, « il ne faut pas se louper », non pas parce que sans quoi, ils ne reviendront pas (ils ne reviendront pas de toute manière, ils n’en ont pas les moyens) mais parce qu’il faut leur offrir le moment d’exception qu’ils ont longtemps espéré. On ne peut pas décevoir quelqu’un qui casse sa tirelire, c’est trop cruel. Et ça par deux fois, Guy Savoy me l’a offerte, l’exception. Ce ne fut pas toujours le cas chez Pacaud, le grand Passart, le triste Meneau, Bras, Blanc, et très récemment Gagnaire. Alors Guy Savoy, je lui donne 20 sur 20 et son sommelier 21/20.
    Mais une question demeure : ne serait-ce pas parfois le mangeur qui n’est pas à la hauteur plutôt que le cuisinier? Pour ma part, ça m’est arrivé plusieurs fois de sentir que je n’étais pas disposée à réellement apprécier une assiette à sa juste valeur. Que la cuisine pouvait faire toutes les accrobaties, sauts périlleux, courbettes, rien n’y faisait. Ya des jours comme ça, on ne voit pas le rayon de soleil qui émane pourtant de l’assiette.