Récemment, le Figaroscope a réalisé un test sur les meilleurs gaufres de Paris. Sachez que l'on a ramé sérieux pour en dénicher de bonnes. Pour ma part, j'ai récupéré une adresse assez poilante… Voici le petit récit…
Ils sont impayables à la rédaction du Figaroscope lorsqu’ils m’envoient en mission. La plupart du temps, cela est délicieux, plein de mansuétude : aller sonder les flancs d’une volaille, plonger une cuillère dans les hanches d’un café liégeois, estimer la légèreté d’un vol au vent. C’est un métier merveilleux. Qui, bien évidemment, se paie par quelques petites expéditions contraignantes : ramasser six macarons au café sous un temps de chien, trouver de bons restaurants ouvert le dimanche soir à minuit, souper à la Défense. Et puis ce matin, une gaufre. Jusque-là, c’est drôlement bien. Mais sur l’ordre de mission, il était spécifié : Halles, niveau – 3. Il fallait voir la joie farceuse de nos amis lorsque je suis parti vers le ventre mou du deuxième arrondissement. Bah, cela fait partie des exotismes qui vous ramène dare dare sur terre, la bonne piqûre de rappel qui vous seringue le principe de réalité. Après, déjeuner dans un Flunch tient de l’érotisme. Pour cette opération, je m’étais muni d’un bouclier anti-missiles, mes deux enfants, que rien ne tient tant éveillés que ces expéditions pittoresques surtout lorsque c’est grunge, décalqué. Et avec du ketchup. Ça tombait bien.
Waffle campagnarde. En prenant, la waffle haut de gamme, on se dit qu’on biaise un peu. Mais bon, l’intitulé est plutôt romantique : bacon, tomate, mozzarella, basilic. En plus, c’est chaud, c’était parfait en ce mercredi glacial. Au premier abord, on a l’impression de manger un pizza écrasée, enfin, un choc frontal entre un hamburger et une pizzetta. C’est étrange. Les saveurs se carapatent dans les coins, de peur qu’on leur demande leur papier d’identité. En fait, cela n’a pas vraiment de goût, à part le chaud. Autour de nous s’affaire, absente et dans ses pensées, une clientèle ni pressée, ni attentive ; comme en pilotage automatique, avalant cela comme les pensums quotidiens, la litanie grise. C’est juste un moment de calme tiède dans une journée que l’on imagine guère marante. Du coup, par empathie, on baisse tous les curseurs critiques, pour trouver le plaisir du waffle compact. Il est sans doute dans cet oubli cotonneux : de la vie, de la grisaille. C’est un petit atoll compatissant.
La waffle chantilly nutella. Les enfants sentant le coup fourré avaient été plus malins en commandant cette composition à décorner un boeuf. Je les ai vus un peu narquois me narguant avec leur écume de vache limousine. Petit problème, la cuillère en plastique céda au bout du quatrième assaut. La fourchette ne faisait pas mieux. Pire par ses attaques successives, elle réduisit en semi bouillie, l’ex-waffle. L’ensemble restait collé au carton. C’était pitié de les voir faire revenir cette composition à l’état prénatal : en dix minutes de vaines tentatives, il y avait là une sorte de flaque beige. Inviolée (enfin presque), mais infranchissable, comme si elle avait bouté l’ennemi dehors. En matière de gastronomie, c’est sans doute la première fois que je voyais ce genre de victoire d’un plat, par abandon.
MAIS ENCORE…
Le service. Bon, on ne va pas demander à ce qu’on accueille le buste plié, un sourire éclatant aux lèvres alors qu’il y a la queue, les plateaux qui ne sont pas nettoyés, les moules à gaufres non plus.
Faut-il y aller ? Bof, n’est il pas ?
Est ce cher ?A ce prix-là, je préfère le sandwich du Petit Vendôme, rue des Capucines.
Waffle Factory, 5 rue du Cinéma (niveau -3) ; 75001 Paris (01.42.21.46.63). Du lundi au samedi de 10h à 20h30 ; le dimanche de 15h à 20h (photo F.Simon).
anne
22 mars 2011 at 9 h 29 minvous devriez proposer des lieux où on peut manger assis pour 6 euros 50 avec boisson comprise . On peut s’assoir au petit vendôme ?
l’été ça va mais l’hiver, on mange notre sandwich dans le froid ?
faivre-rampant
22 mars 2011 at 9 h 43 minbonjour je viens de regarder « les dessous de tables » sur direct 8 sur Metz. j’adore en plus c’est ma ville alors j’adore encore plus. Mais on ne prononce pas le T dans metz cela se dit « mess ».
JCR
22 mars 2011 at 11 h 18 minBravo Monsieur, superbe article, bien écrit… à presque mourir de rire (Merci les enfants)
JCRd
Fulgurances
22 mars 2011 at 14 h 27 minDélectable description…
Martine Vatel-Toudire
23 mars 2011 at 8 h 25 minbref pas la peine d’y aller se gaufrer