Chaque semaine, le Figaro Magazine m'ouvre une page sur des themes divers. Voici un petit truc sur les voyages…Celui de la troisième étape…
On savait qu'il suffisait de franchir quelques cercles (sept, semble-t-il) pour se rapprocher de qui que ce soit : célèbre ou non. Par ricochets et par degrés, on rétrécit ainsi l'éloignement qui nous sépare de toute personne sur la Terre, fût-elle le pape. Sans pour autant aller déranger ce dernier, qui a d'autres chats à fouetter que de vous serrer la louche, cela devrait nous laisser songeurs sur l'incroyable maillage des relations humaines. En un clic, en un SMS, la Terre devient plus humaine, presque magique.
Il semble que le monde des voyages procède de la sorte. En s'installant devant son ordinateur, il suffit d'une petite heure pour se construire une belle échappée. C'est tout juste, lorsqu'on a validé ses billets, si l'on ne sonne pas à votre porte pour prendre vos valises. Quelques heures plus tard, si vous savez jouer avec les fuseaux horaires, vous pouvez recommencer votre journée à l'heure du petit déjeuner. Il y a là la jouissance de l'instantané, de l'immédiateté. Pourtant, il existe une autre volupté que nous voudrions évoquer. Celle de la troisième marche.
Il semble que le monde des voyages procède de la sorte. En s'installant devant son ordinateur, il suffit d'une petite heure pour se construire une belle échappée. C'est tout juste, lorsqu'on a validé ses billets, si l'on ne sonne pas à votre porte pour prendre vos valises. Quelques heures plus tard, si vous savez jouer avec les fuseaux horaires, vous pouvez recommencer votre journée à l'heure du petit déjeuner. Il y a là la jouissance de l'instantané, de l'immédiateté. Pourtant, il existe une autre volupté que nous voudrions évoquer. Celle de la troisième marche.
Soyons attentifs : lorsque l'on prend un train, un avion, immanquablement, tout le long du parcours, on retrouve les mêmes silhouettes. A la première escale, à la première gare, elles s'évaporent pour la quasi-totalité. Les voici arrivées. Néanmoins, il reste une petite pincée de voyageurs ; ceux-là mêmes que vous aviez croisés au kiosque à journaux, le matin même. Ils sont encore de la partie. Ils sont en transit. Vous regagnez ainsi la deuxième étape de votre voyage ; quasiment tous ont renoncé à franchir cette troisième escale. C'est pourtant, là aussi, tout le bonheur du voyage : les lieux mis à distance, les délaissés (comme on dit en botanique), la troisième marche. On se regarde alors sans rien dire ; on se devinait presque le matin même. Certes, de jolies silhouettes se sont évaporées dès le premier arrêt ; mais à la fin du voyage, il y a comme une récompense, une densité retrouvée, celle que le voyage forme ; comme une épure, un trait au fusain, un mot jeté. Il ne reste plus rien qu'un silence et cette étrange satisfaction… Pour rejoindre celle-ci, rien n'est plus simple… Il suffit d'aller chercher midi à quatorze heures…