Voyage à Busan, la suite…

Busan à l’encontre du cliché coréen

La deuxième ville de Corée du Sud, le neuvième port du monde, affiche un caractère entier, bon vivant. Elle choisit sa modernité et accueille prochainement son 24 eme festival international du cinéma.

Autre cliché coréen, celui de la beauté et son stakhanovisme. Elle place la Corée  troisième pays au monde en matière de chirurgie esthétique. Certes on y retrouve le maquillage et le paradoxe de la peau nue, « crue » travaillée avec force de préparation: eau florale, puis sérum, crème, anti-cerne, baume lèvre, anti-tâches, crème solaire, fond de teint avant de passer à la BB cream (blemish balm) et contours. Ceci avant les yeux.. « C‘est pour me sentir bien, témoigne Juhee , 32 ans, voir la vie différemment. C’est ma défense, une façon de vivre enjouée. C’est mon choix, ma liberté. Tout comme le shopping, c’est le meilleur des déstressant » L’arsenal de la beauté ne serait donc pas vécu comme une emprise. Il gagne même à présent les pré-ado, séisme hormonal aidant, avec même des lignes de maquillage pour les 4-7 ans et sa boutique Shushu & Sassy, hébergée au Grand Hyatt. On y scande « je ne suis plus un bébé » comme du reste à Shinsegae, le plus grand departement store au monde (!) une pub énoncée la nouvelle doxa de la beauté: « it’s my skin ». Avec crèmes  sans parabène, artisanales et délivrant des visages comme des apparitions.

La parallèle fonctionne aussi en matière de voyage. Outre le tourisme médical, Busan ressemble aux autres villes du monde et cette nouvelle « cosmétique » avivée par instagram. « On vient ici pour se prendre en photo dans les ruelles de  Gamcheon , constate, Yoon Young-gi, directeur au bureau de tourisme. C’est un village tout en couleurs entre Santorin et le Machu Picchu. ». Mais Busan est trop fière pour se diluer dans le mimétisme. On a sa fierté, sa morgue, sa dimension bon enfant, comme le soir venu dans les petites échoppes du quartier du Phare. Sous les tentes multicolores claquant dans le vent, et au dessus de braseros, on y engouffre des plateaux d’anguilles grillées. Auparavant, on se sera promené sur la plus grande plage du pays, Haeundae et son sublime sable importé d’une plage exotique. Mais surtout,  si Busan a un pied fermement installé dans le futur, il n’oublie pas ses mélancolies portuaires. Et comme dans tous les ports du monde, à  Hambourg  comme à Valparaiso, il y a toujours des chansons au cou penché, parlant de l’être aimé qui s’est éloigné et qui reviendra (« Come back to Busan Port », 1976).  En cela, Busan, nous touche  par ses contre temps, ses disparitions. Le cliché s’est envolé, le sentiment s’est gravé.

Demain, un petit carnet d’adresses