Mercredi dernier, le Figaroscope a consacré un dossier aux brunches à Paris, j'ai eu de la chance avec cette adresse toute récente…
La Cour du Commerce Saint André à Odéon fait partie de ces passages hautement touristiques où l’on ne rencontre guère de Parisiens. C’est ainsi. Sans doute parce que ce passage créé en 1735 entre deux jeux de paule, joignant le boulevard Saint Germain à la rue Saint André des Arts est perclus de pittoresque : la façade du Procope plie sous les ans, les pavés glissent sous vos pieds, font tordre les chevilles frêles. Autant dire que l’Histoire rugit à fond, elle parle tout haut. On y trouve des boutiques originales, et depuis peu, un concept store gourmand consacré au chocolat et créé par la maison Pierre Cluizel : boutiques, école de cuisine, bar à chocolat, salon de chocolat, restaurant et même un énigmatique <grande cuisine>. On y sert également des brunches le dimanche venu, parfait. Réservons.
L’heure du brunch. J’ai toujours eu un mal de chien à rentrer dans le rituel du brunch. C’est un horizon lointain et inconsistant : à l’heure du déjeuner, cette journée intriguant dans son manque d’aspérités est déjà bien écoulée. Il faudrait ralentir son rythme, entrer en arythmie et arriver à jeun dans ses exercices citadins. Trichons un peu et devançons la canonnade. À midi, il n’y a pas un chat, les serveurs baillent encore. C’est l’heure parfaite. Après les tribus cahotantes arriveront, le brouhaha emplira cette adresse.
Le brunch à 35 euros. Sur la carte, il est drôlement attrayant avec un ruissellement de pâtisseries (madeleine, éclair, gâteau au chocolat), de pains, de yaourt, jus de fruit, boisson chaude et omelette au saumon mariné. En fait, on est dans l’accessoirisation avec de mini-madeleines, d’éclairs longs comme le petit doigt. C’est un brunch pour lilliputien avec ces fameuses séquences allusives propres à la gastronomie. Le désir par le manque, l’attirance de l’absence, c’est un genre. Cuisine d’à coups, mignonne, estompée. Frustrante. Mais ne soyons pas chien, il y a un effort de tous les centimètres, du travail mental, du propos et une palpable volonté de bien faire.
MAIS ENCORE…
Faut-il y aller ? Oui, car le lieu est joliment bien troussé dans ses lignes claires, sa respiration. Et en plus, en bonus cocasse, les touristes qui passent et vous regardent dans votre bocal. Ou plutôt nous qui les voyons en monosyllabes, en duo enfermé et bien entendu le best of : le car sans roues et reconstitué en caillots humains : longue chenille atone et bringuebalante arpentant le passage comme n dimanche après midi.
Est ce cher ? Vu la qualité du cadre, la précision des pâtisseries et le propos soutenu, 35 euros, cela passe.
Un Dimanche à Paris, 4-6-8, Cour du Commerce Saint André, 75006 Paris (01.56.81.18.18). Métro Odéon.
Corentin
24 février 2011 at 22 h 24 minJe suis plus dithyrambique que vous 🙂
http://www.brunchaparis.com/un-dimanche-a-paris-brunch-servi-a-table-35e-55e/