Aujourd'hui, une bonne dizaine d'embarcations se dandinent dans la baie des Milliardaires, répertoriée également sur les cartes sous le nom cocasse de l'«anse de l'Argent-Faux ». Par chance, du rivage, on peut voir les îles de Lérins. Lorsque le yacht de Roman Abramovitch (Eclipse, 162,50 mètres de long), ou encore celui dessiné par Philippe Starck pour Steve Jobs (70 mètres) mouille, elles disparaissent de l'horizon, mais pas des six ordinateurs iMac alignés dans le poste de pilotage.
L'Eden, ce ne sont pas seulement les Russes catapultés par des fortunes violentes, c'est aussi le long cortège des habitués magnifiques : Lars von Trier y débarque avec son camping-car. L'empereur Hailé Sélassié avait un valet de chambre dont l'unique tâche était de lui retirer son pantalon. Le roi Farouk adorait pousser sa femme dans la piscine. Il attendait toujours le moment où elle sortait de chez le coiffeur. Le roi Farouk avait huit femmes… « En vacances, disait André Sella, l'ancien propriétaire, les gens riches adorent payer des prix de Maharadjahs pour vivre comme des boy-scouts. »
Le luxe cependant n'est pas aussi palpable qu'on l'imagine. Qui sait si ce yacht appartient vraiment à ce quinquagénaire alerte ? Ou l'a-t-il loué à Monte-Carlo pour la journée ? Prévoyez tout de même 65 000 euros pour un 72 mètres ; 31 personnes d'équipage (pour 35 cabines). N'oubliez pas non plus de mettre du gasoil dans les réservoirs ! C'est souvent là que le bât blesse. Certains préfèrent rester à quai plutôt qu'iriser la mer :« Il y a Bertrand qui m'invite à boire l'apéro à Saint-Tropez (à 30 miles nautiques, NDLR), soupire ainsi ce prospère propriétaire, mais cela va me coûter 4 500 euros ! » On regrette alors de ne pas avoir sur le ponton un hélicoptère (en option également) pour partir goûter au Château Saint-Martin, à Vence, le homard bleu de Yannick Franques.
Les appétits ici sont volages et diététiques. En cette période de l'année, on lève le pied sur le sanglier au caviar pour se rabattre sur les salades proposées par le chef Arnaud Poëtte (associé au pâtissier Lilian Bonnefoi) avec, en tête de proue, la Caesar salad (48 euros) agrémentée de tomates cerises confites et de tuiles de parmesan. Inutile de s'étrangler devant le prix du café (8 euros) ; mieux vaut du reste s'engouffrer dans le vrai luxe du lieu, à savoir les cabanes à 960 euros la journée en haute saison. Certains yachts s'y dédoublent, histoire de faire une partie de backgammon, ou alors réservent une chambre pour retrouver la terre ferme et ses prix (de 700 à 2 500 euros).
L'Eden Roc ne se résume pas à ses tarifs, ses caprices, ses magnums de champagne et ses filles desséchantes (Saint-Tropez s'en charge), mais il sert plutôt à souffler langoureusement, respirer l'iode et cet incroyable joyau méditerranéen : le silence. Histoire de méditer la pierre d'Anatole France. On y déchiffre sous le lichen : « Ce qui sera, c'est ce qui fut. »
Yannick
23 août 2013 at 13 h 12 min48€ la salade césar…. Certes St Tropez est aussi extravagant et bling bling, mais un peu comme l’Eden Roc et la moquette de son restaurant qui éclabousse la vue et impose le port des lunettes Prada…
Un tantinet partial ce papier…. Peut-être un certain intérêt avec un susnommé Pépère (!)
Raids Pâtisseries
23 août 2013 at 15 h 28 minUn endroit magnifique.
Mais vous ne décrivez pas la table! Que nous recommandez-vous ?
a.o.
5 septembre 2013 at 10 h 00 min@Yannick:
quand on sait que M. Simon a écrit pas moins de trois livres sur l’Eden Roc alors oui on peut douter de son impartialité… .
Mais bon ce n’est pas la première fois qu’il nous prend pour des gogos, n’est ce pas cher François….?
Finalement si l’Eden Roc a autant besoin de publicité c’est peut-être que l’endroit est à éviter.