Rodez. Café Bras, au delà du noir, la lumière

DSC00240

« Si je porte du noir, c’est parce que je suis belle, méchante et perdue »

Raymond Chandler, The little sister

Ici, à Rodez, au café du musée Soulages, les serveurs ne sont pas en blousons noirs. Les serveuses ne portent pas l’emblématique petite robe et par chance, les cuisiniers ne sont pas dressés, comme la mode hélas l’impose, en tenue noire bagnard. Ils sont dans ce blanc virginal et magistral, langé comme des chapons.

C’est beau. Le long restaurant s’étirant parmi l’inox et le plancher fait une nouvelle fois le plein ce midi. Et pour cause, le musée fait un tabac. Même la ville a changé : « Ils s’y promènent, témoigne un indigène, des gens que l’on n’avait pas l’habitude de voir ». Il y a là ce joli bourdonnement que l’on connait dans les lieux de culture. Les voix y trouvent une autre tessiture : elles se configurent. Les conversations ont presque de l’ampoule, les mots une syllabe de plus. Rassurez vous pour autant pas de noire colère ici, ni de repas à la Huysmans.

On oubliera les pains de seigle russe, les olives mures de Turquie, les boudins fumés de Francfort, des gibiers aux sauces couleur jus de réglisse. On n’y boit pas dans des verres sombres des vins de Limagne, des Tenedos, et des portos. Tout juste, le café est fidèle à son coloris et j’ose imaginer, la salle lorsque la la lune est endormie, et le musée bien cadenassé. Les nourritures ici ne font pas allégeance à Soulages qui a ici ses habitudes. Pas d’assiette traversée par une brosse imbibée à l’encre de seiche, mais plutôt des plats simples, de mémoire. Celle de la région.

Y aurait il alors un point commun entre l’artiste et Michel Bras associé à son fils Sébastien ? Certainement un respect mutuel. De l’amitié probablement, c’est leur affaire, pas la notre. Ce qui nous intéresse, c’est le pont entre eux deux. Le voici donc: « Plus les moyens sont limités, dit Soulages, plus l’expression est forte ». » « J’aurais adoré faire mienne cette formule », reconnait Michel Bras. Alors à défaut, il continue de faire ce qu’il mitonne depuis si longtemps : une cuisine minérale, pastorale et bonne. Chou farci sans protéines animales mais crosse de jambon, ail, blette, herbes, condiments, œuf, persil. Assiette dans la spontanéité : tripous, pascades…Mâchon du matin , quatre heures (16h). La vérité sort du puits.

DSC00239

 

Place de Choix : Pas évident, car il s’agit d’une longue salle avec des tables rangées parallèlement comme dans un réfectoire. Alors, si l’on cherche un peu d’intimité, on se mettra en bout de table, de préférence le long de la vitrine…

Dommage : Houla, il faut s’y prendre tôt pour décrocher une table. Essayez par le site (cafebras.fr), sinon tentez par le téléphone même si internet affiche complet, il y eut ce jour là tout de suite de la place …

A emporter : Mille idées autour du goût du noir puisqu’il donne non seulement des idées du même coloris (dispensables), mais aussi des recettes aux éditions de l’Epure réalisées par Frédérick Grasser-Hermé et encore un joli florilège de textes : « goût du noir », au Mercure de France.

DSC00241

 

Décibels : visiblement, les gens sont contents d’être là : 76 db.

Mercure : le soleil donnait sur la grande baie vitrée : 23°c.

Addition : convenable avec le menu fixé autour de 30€ avec des plats avenants et bienveillants.

Minimum syndical : si le restaurant est complet (fréquent notamment le week end), on peut jouer sur le mâchon du matin ou le quatre heures de l’après mdi. Tarif clément voire indolore (pâtisserie à partir de 4€).

Verdict : la vraie belle balade pour l’esprit et l’appétit. Oui, bien sûr !

Passage à l’acte : Au musée Soulages, le Café Bras, Jardin du Foirail, 12000 Rodez. Tel. : 05-65-68-06-70. Ouvert du mardi au dimanche, de 9h à 19h.

DSC00244