Nous apprenons la disparition d’Alain Senderens, 77 ans, grand chef français, précurseur de toute une génération pivotante, ouverte et prenant ses risques. Il avait cette façon de se mettre régulièrement en risque, non sans calcul, en s’appuyant sur des brillants seconds (Bertrand Guéneron, Jérôme Banctel…) et en s’entourant de têtes pensantes comme Jacques Puisais, Jean Lenoir… J’ai eu la chance de le connaitre alors que j’avais la responsabilité de Cuisine et Vins de France (1984). Avec Patricia Gallagher, Jacques Puisais, nous nous étions aventurés dans le « goût juste », sujet à faire des associations passant des pinces de homard au jaune d’oeuf. Autant dire que j’ai tellement appris, découvert, dégusté. Ce qu’il y avait de bien avec lui et sa femme Eventhia, c’était cette façon ouverte d’avancer, de se remettre en question alors que bien souvent la profession avait peur de son ombre. Il a, je pense, donné une meilleure image du chef, lui a permis de s’autoriser de poser une vraie réflexion et de ne pas laisser aux autres le monopole de penser et d’extrapoler….
Alain Senderens est décédé dimanche, en début d’après-midi, dans sa maison en Corrèze.