Il n'y a pas longtemps, je me suis rendu pour le Figaroscope au tout nouveau restaurant Rino: pas mal du tout…
C’est tout de même bigrement agréable de se laisser rafraîchir par une nouvelle vague de restaurants. Comment décrire ces nouvelles tendances ? Elles sont d’abord juvéniles. Elles ont beaucoup de fougue, d’allant. Elles ne louvoient pas et semble utiliser un alphabet commun. Celui du produit, des textures, des saveurs. On revient aux fondamentaux mais totalement réinventés avec des factures japonisantes, miniaturées, estompées. On procède presque comme en musique : par "samples", des loops, des interjections (la gastronomie passe à la bande dessinée) des saveurs isolées juxtaposées comme ici chez Rino, rue Trousseau où dans une petite entrée ramassée jouxtent la betterave, le bulot et le tartare de bœuf sur une attaque au raifort.
On n’a pas réinventé l’eau chaude, on a déjà goûté cette association, mais c’est bien. Il y a un nouveau langage, de nouvelles habitudes, nous avons enfin élargi le spectre de notre appétit. En cuisine, oeuvre l’ex-second de la Gazetta de Petter Nilsson, Giovanni Passerini. Le menu. Il est inscrit à l’ardoise et ce soir-là après cette entrée vive et tonique pointait le cabillaud avec fenouil et blettes ; le poisson était un poil pas assez cuit (45 secondes de plus, c’était parfait) mais cela passait tranquillement avec son pil pil de citron et blettes à l’image de l’agneau braisé et ses fruits secs irrésistiblement croustillant. En dessert, le baba à l’orange sanguine manoeuvrait un peu gauchement, vaguement marrant, gentiment à côté de la plaque pas rhumé, bof.
MAIS ENCORE…
La clientèle. Il y a des soirs où il y a comme une harmonie entre la salle et la cuisine. Qui induisait l’autre ? Sans doute la deuxième. Les tablées étaient gagnées par cette application bienheureuse et du coup, pas de cabochards et de hauts parleurs, de m’as tu vu et m’as-tu entendu ; non, une clientèle sereine et gourmande. Le service. Italien comme on aime. Est ce bon ? Ca se cherche, mais c’est plutôt bien. Est ce cher ? Formule à 38 euros et 50 euros, c’est honnête. Faut-il y aller ? Oui, c’est une table agréable et valeureuse.
Rino, 46, rue Trousseau, 75011 Paris (01.48.06.95.85). Fermé dimanche et lundi et mardi midi. Map
claude
4 mai 2010 at 20 h 13 minPas simple car la cuisine est petite, vraiment petite. Donc pas mal du tout.
J’ai bien aimé avec ma douce.
Fulgurances
5 mai 2010 at 18 h 22 minC’est intéressant ce que vous dites sur le lien entre la cuisine et la salle, je me suis d’ailleurs fait la même réflexion chez Rino : « Chez Rino, le service comme la cuisine semblent accorder une place singulière au client. L’Opéra des Vins « le même que la dernière fois » servi avec la malice des épicuriens, de ceux qui savent ce qui est bon, et que quand c’est à l’unisson, c’est encore mieux. »
Peut-être que l’on a la clientèle que l’on mérite…
marie
5 mai 2010 at 21 h 31 minun lieu sympathique. la cuisine effectivement se cherche encore un peu, manque un chouia de simplicité et d’audace pour être parfaite
Djinnz
6 mai 2010 at 9 h 43 minBof. C’est typiquement le genre d’endroit où les « critiques » se précipitent parce que c’est la nébuleuse Gazetta/Chateaubriand, excellente en buzz médiatique.
Ce n’est même pas mauvais, c’est plutôt gentil et assez insignifiant, comme il y en a des dizaines d’autres (et des moins chers) sur Paris.
Thierry Richard
6 mai 2010 at 12 h 29 minN’oubliez pas les vins (laissez-vous prendre par la main, vous ne le regretterez pas)…
http://www.chroniquesduplaisir.fr/2010/04/rino.html
cécile Cau
8 mai 2010 at 12 h 59 minCuissons sur le fil du grill, betteraves craquantes, blette ardente… une cuisine qui se construit encore, mais c’est férocement bon