Le San Franscico ( l’île aux Moines ) : retiens la nuit !

Il ya peu je suis allé sur l'île aux Moines. Voici donc la chronique du Figaro en version longue..

Et voilà l’été qui nous file entre les doigts. Sans doute la saison la moins docile, s’en retournant au détour d’une phrase. Où est il passé ? Voilà la question. Vers l’ouest, le sud, il a glissé comme les bancs de poissons. Si l’on y réfléchit bien, on pourrait passer sa vie à le suivre, comme certains le font avec la nuit, l’aube. Il suffit de prendre un train, il en est tant alignés le long de quais lisses.

La Bretagne que l’on gagnait il y a peu encore en d’interminables heures, le charbon et le panache chantilly des fumées des locomotives, est maintenant accessible en un set de tennis. A peine le temps de croiser les jambes, d’ouvrir un magazine que déjà le speakeur parle du Mans, d’Angers, de Nantes, d’Auray. Parfois, il ne parle pas , seul le paysage siffle à travers les vitres rayées comme du Paul Smith. Un taxi vous attend, déjà l’air a basculé. Il est tout neuf. Personne ne l’a respiré.

L’embarcadère pour l’île aux Moines n’est pas loin. Le bateau barrit sur les pontons, il part en délivrant cet irrésistible spectacle des retardataires. Un jour on était comme eux une valise dans une main, la main sur le cœur, les yeux implorant un délais, un peu de rab de temps. Et puis, on s’est juré d’être de l’autre coté du ponton, regarder cette danse brouillonne. Vous aviez réservé une chambre à l’hôtel San Francisco.