Rencontre avec CAMILLE GOUTAL

Camille1 Ce ne fut pas chose aisée de la rencontrer pour le Figaro Magazine. Son cabinet de relations publiques s’interrogea sur cette curiosité inhabituelle. Pardi, nous souhaitions juste savoir qui elle pouvait bien être ! C’est non seulement le deuxième nez des parfums Annick Goutal – avec Isabelle Doyen -, la directrice artistique de la marque, mais aussi une jeune femme au caractère vif, enjoué ; fine mouche parisienne, posée pile à l’heure sur un sofa de l’Hôtel du Louvre. Après la disparition de sa mère, elle a repris le flambeau de la célèbre maison de parfums et la marque Annick Goutal se développe sur la gamme Les Orientalistes : trois parfums inspirés de la peinture orientaliste (entre autres, des artistes comme Jean-Léon Gérôme et sir John Sargent). Leurs noms : Ambre Fétiche, Myrrhe Ardente et Encens Flamboyant.

Aimez-vous votre prénom ? Beaucoup. Je le détestais petite – il était peu commun dans ma génération – mais depuis, je l’ai reconquis et j’aime l’idée qu’il puisse être porté par un garçon.

Existe-t-il des odeurs que vous ne pouvez pas sentir ? Celle des pots d’échappement. Et, bien entendu, des senteurs très marquées en parfumerie comme la civette ou le santal synthétique, qui m’écoeurent. Mais cela apporte aux grands parfums toute leur dimension mystérieuse.

Une odeur qui vous paralyse ? Depuis toute petite, l’odeur de l’éther me poursuit. C’est un souvenir perdu et depuis je recherche, je travaille. L’éther me hante.

Une senteur qui vous résiste ? La rose. Sans doute parce que ma mère la réussissait si bien.

Une odeur désagréable que vous aimez ? La sueur. Roseblanche

Le grand parfum ? Il a peut-être existé. Quand j’étais toute petite, ma mère m’a donné un petit morceau de cire. C’était le parfum de Colette… Un étonnant mélange de cumin, de patchouli, d’iris et de pêche.

Usage des restaurants ? Je suis une vraie gourmande, avec un sérieux penchant pour les restaurants et les vins italiens. A Paris, j’adore L’Altro (c’est mon cousin !), Lei (c’est aussi mon cousin !), I Vitteloni, tout près de chez moi dans le Marais, et puis des tables comme chez Guillaume. J’aime les lieux qui ne se prennent pas au sérieux.

Le nez de Paris ?  En fait, Paris fonctionne pour moi beaucoup plus en images qu’en odeurs. Celles-ci, je ne les trouve pas nettes, un peu cra-cra, un étrange mélange de cheap et de luxe, d’élégance et de vulgarité. C’est un nez finalement intrigant.

Un moment, un lieu qui vous ressemblent et vous rassemblent ? La tombée de la nuit. Partout. Ça me chavire, car c’est l’entre-deux. La nuit n’est pas encore là avec ses mystères, le jour tarde un peu. Il y a de la mélancolie, de la poésie. J’aime beaucoup ces lumières, je les photographie encore et toujours.

Que regrettez-vous ? Que ma mère ne soit plus là. J’avais 23 ans quand elle est morte. Mes grands-parents et mes arrière-grands-parents me manquent aussi. J’aurais tant aimé leur parler de mon enfance, de la leur. J’aurais aimé que ma mère puisse parler à mes filles.

Votre mauvais goût ? Le monoï et son côté pétasse que j’assume totalement ; les bonbons ; lire Harry Potter de J. K. Rowling.

Pessac Comment vous y prenez-vous pour dissoudre la tristesse ? Pour avoir vu ma mère ne jamais se plaindre lorsqu’elle était malade, j’ai appris à ne pas me laisser aller. Si, vraiment, c’est tenace, un verre de pessac-léognan.

Un lieu que vous sentez bien ? J’adore Londres, je m’y sens chez moi. Et chez moi, là où je suis entourée de ceux que j’aime.

Lieu où vous ne retournerez jamais ? São Paulo. J’ai été oppressée, agressée par les contrastes si violents entre la richesse et la pauvreté.

Boisson qui vous rend meilleure ? Précisément ce bordeaux, ou encore les vins italiens.

Avez-vous une devise ?  Je n’aime pas l’idée d’en avoir une…

PHOTOS/GOUTAL/DR

  • Aude
    16 janvier 2008 at 15 h 27 min

    très sympa ce questionnaire. En commençant la lecture du papier, je me disais : « murfff… le parfum, c’est pas mon truc ». et puis on lit… on lit encore, et encore jusqu’à la fin de l’article.

  • Jacques Perrin
    16 janvier 2008 at 21 h 19 min

    On rêve de la rencontrer au soleil des loups : elle a un nom de féerie et d’îles inconnues. Vous me la préentez ?

  • Ariane
    17 janvier 2008 at 10 h 10 min

    Ahhh, Goutal!
    Pour le côté boudoir de ses boutiques et corners, pour « Sables » qui m’apporte cette note corse poivrée qu’est l’immortelle…

  • Nanou
    17 janvier 2008 at 11 h 39 min

    Sujet qui n’a rien à voir….Je pars lundi matin pour 5 semaines à New York, je sais que vous connaissez pas mal de restaurant au Japon mais à New York ? Je vais déjà aller voir Mario Batalli mais ensuite ?
    Merci pour vos conseils gastronomiques et bonne chance pour le 19 !

  • Véronique Deshayes
    17 janvier 2008 at 12 h 15 min

    Superbe interview, belle personnalité… j’irai maintenant au boudoir Saint-Sulpice avec un « arrière-pays » en tête. Et vive le Pessac-Léognan.