Il y a quelques jours je suis allé au tout nouveau restaurant Ralph Lauren pour le Croque notes du samedi du Figaro. Voici comme d'hab, la version longue…
Si vous avez l’esprit à la flânerie, il serait bon d’aller du côté du nouveau restaurant de la maison Ralph Lauren. Elle s’est établie avec la pompe que l’on sait sur le boulevard Saint Germain (au 173 ; tel : 01 44 77 76 00). Il porte un nom impérieux. Ce pourrait être un chien, mais c’est bien mieux, c’est un restaurant. Mieux qu’un chien, ce n’est pas lui qui court, c’est tout Paris qui accourt. Il faut (donc) absolument y aller ! La visite en vaut la chandelle, mieux les chandelles. Il aurait pu prendre ce nom du reste, mais il semble qu’il soit déjà pris.
Le samedi midi, c’est quelque chose, une sorte de défilé insensé de curieux. Que des têtes sorties de leur corps. On est venu voir. Vous imaginez les Parisiens en train de mâter ? Des visages à la Munch, à la Daumier, à la Bacon. C’est bien mieux qu’une expo avec les mains dans le dos. Formidable litanie de boudeurs enthousiasmants, de tronches renfrognées, de porteurs de spleen, de désolés, de désabusés, de superbes contrariés (spécialité du VIeme) , et la traditionnelle pincée de vexés. C’est vrai, c’est plutôt coton ( spécialité de la maison) que de décrocher une table. Logiquement, c’est impossible (un mois d’attente !). On renonce. Ou alors, on s’accroche. C’est à la huitième tentative que j’ai compris qu’il fallait y aller au débotté, comme ça : style 13h45 ou 22 heures.
C’est ainsi que j’ai décroché une superbe table dans le patio enchanteur. Atmosphère d’enfants gâtés, l’opulence visiblement a traversé le fleuve pour se mirer dans son miroir. Argent sonnant, jamais trébuchant, ravi d’être vissé sur les coussins à rayures. Tout semble rayé ici, le costume des maîtres d’hôtels, les pantalons des unes, les coussins. On se demande si le steak ne sera pas de zèbre (il vient du ranch de Ralph Lauren) . A la limite, l’assiette pourrait être banale qu’on ne s’en soucierait guère. Question d’habitude. Or celle-ci ne l’est point. Elle est comme neuve. Comme sortie de sa boîte, de sa housse. La salade de homard que tout le monde prenait ce samedi midi est nickel, inattaquable. Elle a un prix bien dodu (35 euros) . C’est souhaitable si l’on veut trier un peu la clientèle et de ne pas ressembler à Saint Lazare.
Le hamburger a du chien, ne tremble pas et ses buns ont le moelleux des banquettes. Le brownie au chocolat a encore la tiédeur de la confection, il assume son rang. Le service est exténué, vrillé par le stress des débutants. À la limite, il faudrait pour apprécier ce lieu délicieux, faire passer un nuage de cendres, une alerte à la bombe car autant dire que la clientèle plombe le lieu. On rêvait d’un jardin à la Finzi Contini, d’une Dominique Sanda, d’un Helmut Berger. On n’a que des voyeurs se surveillant.

Gould
4 juin 2010 at 22 h 32 minBassani à St Germain des Près?? Grand naïf!
😉
Syl.
5 juin 2010 at 19 h 05 minVous êtes beaucoup moins sévère que votre confrère Ph. Couderc qui le descend dans la dernière livraison du Nouvel Observateur.
Ralph Lauren, St Germain ?
Même indulgent, votre article ne donne guère envie d’y aller.
A Venise, on veut bien.
Apollonia B.
22 août 2010 at 23 h 07 minJe sors tout juste d’un dîner chez Ralph’s et nous sommes 4 déçus sur 6 convives. Certes le jardin intérieur est magnifique mais le jeu n’en valait pas la chandelle.
Homard sans saveur et à l’odeur douteuse, burgers fades et frites itou (persistante odeur d’huile venant à remplacer le goût, qui n’a presque pas pointé le bout de son nez pendant le repas). Brouilly à la peine. Service qui fait de son mieux mais reste débordé de 20h à 22h, quel que soit le taux d’occupation du staff.
Clientèle ampoulée, digne d’un casting de Chabrol, assortie d’Américains en goguette venus voir l’oeuvre de Ralph -de l’Amérique au rabais qui marine dans son jus. Cela ne fait pas honneur à la qualité et à la diversité culinaire des US. Je viens de me renseigner sur le chef, Nicolas Castelet, qui n’a visiblement jamais officié aux US, ça aurait pu servir…
Allez, les endives de la salade de homard étaient craquantes 🙂