Prolongations 5/6. Partons en Bretagne…

La Châtaigneraie, au fil des marées

Récemment pour M le supplément du Monde, j’ai pu me rendre à cette adresse, voici un petit résumé de mes impressions…

 

Inutile de vous offusquer inutilement, si, à Port Manech, on vous propose de  vous retrouver à la « Chat’ ». N’y voyez aucune blagounette de collégien. Car aller à la Chat’, notamment manger des moules, fait partie des rituels d’une des stations les plus discrètes et des plus chics de la Bretagne sud. Du reste, la Châtaigneraie (son vrai nom dans le civil) ressemble à une villa, comme celles appartenant à ces illustres cinquante familles qui jetèrent leur dévolu sur ce coin enchanteur. La planète entière y  succomba. De Gauguin aux impressionniste japonais en passant par  Jean Gabin, Arletty, les écrivains américains accourus une bourse sous le bras après la dernière guerre. Ils se retrouvaient tous près d’ici, à la villa Julia, sorte d’annexe de l’hôtel des Voyageurs, à Pont Aven. Port Manech n’a rien perdu de cette époque bénie: les mêmes lumières atlantiques, les contre jours océaniques; cette odeur d’iode, de varech et de sable tiède. Le lieu a conservé son côté gentiment snobinard inimitable, mâtiné d’esprit huîtrier,  avec sa ségrégation afférente. Celle-là même que l’on retrouve non seulement sur la plage. D’un coté les cabines blanchies et l’école de voile. De l’autre, à droite, les « campeurs », comme on dit ici à dessein. Sur la terrasse de la Chat’, c’est un peu pareil.  Sur la gauche, les historiques pur sang . Et dans une subtile enclave à droite, les visiteurs d’un jour. On ne pige pas tout de suite les subtitilités locales. Pourtant, ce n’est guère sorcier. Les rituels restent les mêmes depuis  des générations. On arrive d’un pas lent, vers 12h30 pour déjeuner. Puis un peu de plage et retour aux villas. La carte de ce restaurant de plage déploie façon nunchaku un énergique oecuménisme commercial. Ça tape un peu partout: des burgers montagnards aux nems (secos, décongelés à la hâte) en passant par les tagliatelles de courgette et  le tartare provençal. Manquent les sushis et la choucroute. Bien entendu il y a les galettes complètes (un peu sommaires et sans ressort), les glaces (laborieuses et sucrailleuses). Ce serait sympathico-pathétique s’il n’y avait Tonio l’énergique patron portugais et surtout cette indulgence que l’on porte à ce genre d’établissement, comme si c’était un devoir de mémoire. Entre deux malaxages de coudes, Tonio voit les modes se succéder. Voici donc les lunettes miroirs, les pantalons multipoches, Docksides, Ralph Lauren, le pull Saint James sur les épaules: un lâché prise très bourgeois encouragé subrepticement par une carte volontariste de mojitos multipliant les appels du pied.

Les meilleures tables: le long de la terrasse sur la gauche en entrant.

A emporter. Bien entendu les crêpes mais aussi les glaces.

Dommage. Parfois des lenteurs au service, les nems décongelés et les voitures envahissantes.

Venir. Aéroport à Lorient (1h30 depuis Paris) puis une bonne demi heure, ou le TGV par Lorient (3h30 environ).

Séjourner. Magnifique demeure début XXeme construite par une Australienne (1926) aux accents écossais,  repris en douceur et modernité, le manoir Dalmore est idéal pour un week end. http://www.manoirdalmore.com, à partir de 200€,  Corniche de Pouldon, à Névez.Tél : 02 98 06 82 43.

La Châtaigneraie,16 Rue de la Plage, 29920 Névez

Téléphone : 02 98 06 64 15

Décibels. 71 db, le soir c’est plus chaud;

Mercure. Variations saisonnières.

L’addition. Pas cher finalement, dans les 25-30 euros;

Minimum syndical: tataki de boeuf 16 euros, galette complète 6 euros.

Verdict: monument local.