Prince de Galles, le sourire comme bouclier humain

Paris, Scène, salle
Il faut être bigrement hardi pour ouvrir un restaurant gastronomique aujourd’hui ! Pensez donc, le genre est tellement amorti (façon de parler) et révolu que, pour faire sensation, il faut précisément en créer une. C’est presque contre nature, rebelle, incorrect politiquement. Regardez Joël Robuchon ouvrant, début 2014, une table d’ambition à Bordeaux alors que sa flottille de 20 restaurants (26 étoiles) trace avec des formules au cordeau. Il faut tout de même être perché pour tenter un tel truc. C’est ainsi que l’on aime cette gastronomie : par surprise, liberté et goût du paradoxe. Au Prince de Galles, la donne est quasiment identique. L’avenue George-V connaît son renouveau gastronomique de haut en bas (L’Instant d’Or, Le George V, le 39 V) avec ses ratés indispensables (Miss Ko). Il ne restait pas grand-chose pour le Prince de Galles totalement rénové.

Paris, Scene, légumes
Plutôt que de prendre un scrogneugneu à col bleu blanc rouge, la direction a opté pour une touche féminine, Stéphanie Le Quellec (ex-George V, et Terre Blanche, dans le Var). Cela dit, ne vous attendez pas à découvrir une blonde en reflets L’Oréal secouant sa crinière sur ses Louboutin, la jeune femme en question tient sa brigade fermement. De ses cuisines grandement ouvertes sur la salle, il est hors de question de miauler lorsqu’un crabe vous mord le petit doigt. Ça ne moufte pas. Même pas un ordre, encore moins les fameux « Oui, chef ! », dignes de la Légion. Non, un océan ouaté de nuques bien fraîches et inclinées. Un regard de la dame et, bong ! le turbot tombe pile sur son arête. Sourire en salle, silence sobre en cuisine, style film de guerre avec le sous-marin agonisant surveillé par des méchants.

Paris, Scene pigeon
Et la cuisine dans tout cela ? Vaillante, bien éclairée, agile, travaillant au petit point. Sérieuse et un brin risky à l’instar de ce pigeon au concombre (52 euros) que l’on voyait s’emplafonner gentiment dans le décor. Mais il n’en fut rien, l’association fonctionnait bien avec un contrepoint crémeux et une bonne humeur communicative. Le veau de lait simplement rôti (58 euros) avec sa compression de romaine tenait bien la corde avec une touche marine mal désarrêtée (zut alors). Mais rien de grave, ce qui nous permit, après dénonciation minable de notre part, d’avoir un dessert « offert », ce qui n’est pas rien dans un palace (20 euros). Cinq feuilles crémées de vanille, somme toute banales mais assumant un ralenti final bienvenu. Service aux petits soins avec parfois une emphase pas toujours nécessaire. On nous explique ainsi que les entrées correspondent à la partie 1, les plats à la partie 2, etc. Ce qu’il y a de bien parfois avec les grands restaurants, c’est que l’on retombe en enfance. Réussi.
La Scène, hôtel Prince de Galles, 33, av. George-V, Paris VIIIe. Tél. : 01 53 23 77 77. www.hotelprincedegalles.fr

  • Délices à Paris
    23 juillet 2013 at 10 h 55 min

    J’ai moi aussi beaucoup aimé,j’en ai fait un de mes coups de cœur.

  • jeanditnono
    23 juillet 2013 at 16 h 55 min

    Top chef 2011!Comme quoi…

  • caolila
    25 juillet 2013 at 16 h 47 min

    Grosse déception pour moi… C’est d’une part, beaucoup trop cher pour l’instant, service trop rapide et peu attentif, et côté cuisine, c’est beau, bien cuit mais il y a un manque de relief, les saveurs ne sont pas marqués, ça reste très brouillon, peu précis. Bien dommage car je m’attendais vraiment à autre chose. Ma grosse déception de ces derniers moi… Snif