Pouledelux, volaille façon Seizième

Pas mal

Récemment pour M le magazine du Monde, je suis allé visiter cette adresse…

 

 

Le Seizième arrondissement de Paris reste en matière de restaurants une énigme. Une sorte de désert hanté. Un univers planqué et casanier. Pas grande chose à se mettre sous la dent, beaucoup de timidité ou de classicisme, guère d’effractions… Une sorte de morne vallée aux soirées silencieuses. Certes l’Astrance, Comice, les Marches, Pages, la table d’Hugo Desnoyer, Non Solo in Cucina…mais il n’y a pas de quoi sortir souvent son Barbour. Parfois, une adresse pousse le bout de son nez. Voici Pouledeluxe dont les ficelles sont tirées depuis peu par d’habiles restaurateurs disposant ici et là quelques leurres bien tournés à destination  d’une nouvelle boboïtude de l’ouest. Celle que l’on pensait exténuée à pousser des poussettes dans l’Est parisien, se réincarne ici en cachemire Bompard, chemise Figaret, jeans, réinventant un Seizième décomplexé loin des poncifs de naguère. Ici, dans ce bistrot d’angle, comme dans un cliché, on est assis sur des chaises d’écolier. Des céramiques blanches donnent la touche loft égayée d’antiques publicités alimentaires, éclairée de suspensions industrielles. Les plats jouent la bonhommie d’une rôtisserie axée sur des volailles de premier choix (d’où de luxe) modulant sur les labels: rouge, pattes noires, bio, de Bresse… Pas d’esbroufe, ni de cri primal -ça, ce sera pour bientôt-, mais des plats sages, dignes du code civil, respectueux du style haussmanien comme des intitulés. Ne pas surprendre, encore moins sursauter. Être juste dans la note avec ses références (les bestioles proviennent du Coq Saint Honoré), l’oeuf est bien sûr bio; la mayonnaise est élevée au rang de mayo. Les frites sont addictives, les pommes grenaillent, la salade asperge. La mousse au chocolat dite de « mon enfance » laisse entendre que cette dernière fut riche, pesante, joliment chocolatée, salement addictive. Elle n’est hélas pas servie avec une cuillère en argent. Service féminin souriant à l’ombre de grands garçons très présents.

Les meilleures tables. Près de la cuisine, c’est bien. Ou alors sur la banquette, à gauche en entrant.

Dommage. Pas de réservation au téléphone, ça, c’est la barbe !

A emporter. L’idée d’avoir des rituels de partage comme le poulet rôti: ici, 80€ pour six personnes, sur commande. Ou à la maison !

Pouledeluxe, 117, Avenue Mozart, 75016 Paris. Tèl.:01-40-71-13-11. Fermé le dimanche soir, terrasse.

Mercure. Selon la proximité des cuisines, de 20 à 23°c.

Décibels. Conversations civilisées: 79 db.

L’addition. Environ 30-40 euros.

Minimum syndical. Poulet fermier 10€ et frites 4€.

Verdict: Voulez vous ?!