Paris, Semilla, la main agile

Paris, semilla, poisson

 

 

C’est à croire que  la nouvelle génération des restaurants a pigé que le repas était un art bigrement subtil. Presque allusif. Alors que certains foncent dans le buffet, grimpent aux rideaux et veulent casser la baraque ; d’autres éludent, estompent, adoucissent les traits comme s’il fallait faire passer l’acte du repas comme indolore. En cela, c’est sioux. On s’approche alors innocemment, le lieu est avenant (large, clair avec cuisine ouverte), la carte légère, les demi-portions en position. Il ne reste plus qu’à s’asseoir. Voici donc parmi d’autres ouvertures, celle de Semilla (cela veut dire <graine>, en espagnol ) par  la sémillante équipe de Fish, rue de Seine. Depuis quelques mois, celle-ci avait repéré un bar désuet tout à côté. Les travaux ont duré trente-six semaines et voici le résultat: une petite bombinette qui fait déjà le plein !

 

L’esprit Fish. C’est un discret empire savoureux installé entre la rue Bourbon le Château (avec la cave : la Dernière Goutte) et la rue de Seine avec   la sandwicherie italienne Cosi, Fish la Boissonnerie et à présent Semilla. A leur tête, le Néo-zélandais Drew Harre et l’Américain Juan Sanchez, sont  épaulés par une équipe juvénile et joyeuse parmi laquelle Thibault, le fils de Drew. Les nourritures y sont plaisantes, ingénues, ne prennent pas le chou et swinguent dans l’air du temps: à la fois bio, paisibles, marchant droit et sans complexes puisque ainsi, à la cuisine de Fish, officie un ancien de Darroze, Taku Sekine.  Ici, à Sémilla, la même partition avec ces airs de ne pas y toucher, on se surprend à découvrir des assiettes bien calées à l’instar du Tartare de Pierre (Gagnaire) associant boeuf, tête de veau et hareng; le dos de lieu jaune avec sa crème de céleri et le jus de rôti pivote bien et laisse l’appétit grand ouvert. Ce qu’il y a de bien avec ces nourritures, c’est qu’elles ne se promènent pas le nez en l’air, importantes et vaniteuses. Elles ne mouftent pas, lèvent les bras à la verticale comme ces footballeurs qui viennent de faucher sauvagement un avant-centre. Elles s’épanouissent dans la discrétion, sans maître d’hôtel articulant toutes gencives dehors, les attributs de l’opus. Belle carte des vins inspirée par des dingos du genre, autant dire que les flacons swinguent. Yeux roses garantis.

MAIS ENCORE…

La clientèle. En jouant de la sorte, Semilla , tout comme son grand frère Fish, récupère une clientèle anglo- saxonne délurée et contente d’être là. Pas de pervers gastronomiques s’égosillant sur le sexe des anges et les ménisques de tourterelles, juste des gens heureux  de sortir ou de picorer en solo au bar, la dernière authentique volupté parisienne.

 

Le service. Allègre, vif un peu dépassé par les débuts mais cela devrait vite se caler.

Est ce cher? Modulable à souhait (plats en demi-portion ou entier). On peut en fait naviguer à sa main, se taper la cloche ou snacker avec un verre de vin.

Faut il y aller ? Yep !

Semilla, 54 rue de Seine, 75006 Paris. Tel: 01.43.54.34.50. Ouvert tous les jours, snack dans l’après midi et brunch le dimanche à partir de 12h. Métro: Mabillon, Odéon  et Saint-Germain des Prés. Paris, semilla, salle

 

  • crematory phoenix
    11 avril 2012 at 18 h 09 min

    You can watch the cremation but leave the marshmallows and sticks at home.