Paris. Radio Eat, mouais…

c'est lundi, donc un petit coup de déglingue...

Radio Eat, le restaurant allumé

Récemment pour M le supplément du Monde, j’ai pu me rendre à cette adresse, voici un petit résumé de mes impressions…

 

Cette grande maison est belle comme tout avec ses arrondis, ses ondes maternantes. C’est une grande maison aussi accueillant les chaines de Radio France. Autant dire qu’ici, s’il y une chose importante, sacrée, c’est la parole. Chaude, vive, précise, drôle. Et par dessus tout, un culte pour les mots. D’auteur, de paradoxe, d’intelligence. Aussi l’installation d’un nouveau restaurant dans une vaste galerie de la façade de verre a tout pour plaire. Le lieu est extra avec vue sur la Seine, Beaugrenelle, la Tour Eiffel. Il y a là du souffle, de la rythmique boisé avec un décor tout en creux inventif (Stéphane Maupin) et à la clé, 150 couverts alignés dans la courbe. La carte, on le sent, a envie de jouer. Elle a été conçue par Eric Wapler et Thierry Bassard (Quai Ouest, Tokyo Eat, Grand Central…) et déjà  les mots lâchés ici et là (piment vert « sans excès », légumes « appropriés », « adorable » daurade ») manifestent une belle malice et de l’engagement. Bon, et l’assiette dans tout ça ? La « belle » sole meunière (35 euros) et ses légumes dits « appropriés » est un peu à la ramasse pas franchement fraîche, et accompagnés de légumes que l’on airait pu qualifier de « paresseux » entremêlant gouts et cuisson, limite confusion. En revanche, les olives panées et yaourt avec compotée d’herbes avaient du propos à l’instar de l’assiette de pêche/melon/chèvre frais et pousses de basilic préparée avec coeur.  Quant au fontainebleau vanille-framboises et meringue annoncé comme « dingue », il est juste copieux et somme toute convenable, mais la « dinguerie » avait dû se faire la malle discretos. Le service avait du vague à l’âme ce soir là, et l’on devinait à l’entrain poussif que les deux préposés auraient préféré rester pépères à la maison, plutôt que de se cogner des clients. Ce qui à la limite est très parisien, et à la longue, concevable, presque plus déplacé. Cela fait partie du jeu de la capitale: surdouée, agaçante, un peu trop sure d’elle même, le bonheur contrarié; et les mots s’effritant lentement à l’instar du siècle naissant.

Les meilleures tables. Incontestablement le long de la baie vitrée, quoique le retrait avec, en cadeau, la clientèle assez sonore (radio faisant) offre des scènes assez cocasses avec conversations de bureau neurasthéniques et surjouées dans la compassion perverse: « Ah ouais, elle est carrément mal ».

Dommage. Il faudrait juste un peu de peps et plus d’envie (pas compliqué).

A emporter. Les programmes et productions de la maison.

Radio Eat, 116, avenue du Président Kennedy, 75016 Paris

maisondelaradio.fr. Tèl.:  01-47-20- 00. Ouvert tous les jours (ça, c’est bien !). Bar au dessus ouvert jusqu’à deux heures du matin.

Décibels. Ce soir là, c’était assez calme: 79db.

Mercure. En cette rentrée, convenable 22°c.

L’addition: comptez 30-40 euros.

Minimum syndical: la formule au déjeuner du lundi au vendredi: entrée 7€, plat 14€.

Verdict. J’annule tout si la cuisine revient.