Paris. Les mystères de Biglove…

(aidez-moi, je n'y arrive pas!)





C’est vraiment le hit de la saison, un véritable tabac, une clameur, un enthousiasme. Quoi donc ? Les Big, East et Ober Mamma ouverts à Paris par Tigrane Seydoux et Victor Luggeret. Ils font des cartons d’enfer: 5 à 600 couverts par jour, 185 employés, un « sourcing » percutant avec 170 producteurs italiens de premier choix… Respect, donc ! Et comme tout de le monde, faisons la queue… Déjà au mois de novembre, j’avais fait l’essai avec un junior enchanté de cheniller sur le faubourg Saint Antoine et sincèrement, nous nous étions retrouvés un peu dépités après une demi heure d’attente. La pizza était molle du genou, l’ambiance usinante, la salade bourrative, seul le tiramisu surnageait avec un accommodant rentre-dedans. L’affaire était classée, pas besoin d’en faire état. Après tout, il est des enthousiasmes qui se nourrissent d’eux mêmes,  des unanimités consensuelles, hors de question de venir grimacer devant l’allégresse. Lorsque surgit un sms impérieux fin décembre: « Fonce, disait cet ami distingué, la meilleure pizza que j’ai mangée depuis dix ans, même si le nom est nul : Biglove>. Dans ces cas, mieux vaut foncer sans hésiter, il est dans la nature de cette rubrique de se faire siffler. Et de ramener l’os. En lieu et place du Rose Bakery, de la rue Bebelleyme, il y a donc cette nouvelle adresse du tandem à succès. A midi pile, il fait moins deux degrés, et dix personnes attendent déjà dehors. Il faut compter 40 minutes d’attente, il suffit de laisser son numéro de téléphone. Trois quarts d’heure plus tard, nous voici donc assis dans cet antre surabondante façon Disney, gorgée de produits italiens se bousculant sur les étagères; une sorte d’Archimboldo ivre de lui même, regorgeant et engorgé. Arrive alors la merveille de pizza « mammargherita » (13 euros) annoncée sans gluten et portée par un gaillard très déluré et finement moustachu. Re-belote, l’ensemble manque de tranchant. C’est mollasson sans cet enthousiasme que nous aimons tant dans les pizzas, celui d’un four survitaminé qui fait littéralement « exploser » la pâte. Certes, les produits sont corrects, mais l’ensemble ramone banalement.  L’intrigue devenant palpable, je me suis tout de même penché sur la table voisine qui héritait d’un même style de plat:  un brunch abondant certes, bien sourcé mais d’apparence un peu veule, ventru. Leur conversation tournait autour de savoir comment  limiter les frais dans un dîner d’amis: se proposer sur le vin illico ou attendre le partage des dépenses. Par chance, comme s’ils avaient perçu mes ondes, ils s’engagèrent sur un commentaire du déjeuner. Ce fut comme un bréviaire récité tout droit du dossier de presse: les produits, le décor, le succès, la file d’attente…Comme un paisible envoutement, une chambre d’écho. La morale de l’histoire ? Comme d’hab’, il n’y en a pas.

Les meilleures places. Faut -il déjà décrocher sa table (pas de réservation). Et donc venir aux premières ou dernières heures. Sinon sur le devant, près de la lumière.

Dommage. Pas mauvais bien sur, mais surévalué.

A emporter. Leur dernier livre de recettes supervisées par leur chef napolitain, Ciro Cristiano. « Big Mamma. Cuisine italienne con molto amore », Marabout, 25 €.

Biglove, 30, rue  Debelleyme, 75003 Paris. Pas de téléphone. Ouvert sept jours sur sept (bien!) de 8 heures à 23 heures.

Egalement:  East Mamma (133, rue du faubourg Saint-Antoine, 75011);  Ober Mamma (107, boulevard Richard Lenoir, 75011 ), Mamma Primi (71, rue des Dames, 75017). A venir Bourse et Pigalle.

Décibels: 86db, tout le monde semble content.

Mercure: 22°c, le plaisir est calorifère.

L’addition: Comptez 25 euros par personne.

Minimum syndical. Le brunch avec trois produits: 20 euros.

Verdict: bof.