J’ai reçu aujourd’hui le livre dédié au marché des Enfants Rouges. Il a été réalisé par les Editions Dans la Boite, sous l’égide de Marie Taillan avec de superbes photos de Milomir Kovacevic et une préface de Charles Pépin. Il y a des recettes et beaucoup de belle humeur. On m’a demandé d’écrire quelques lignes pour cet ouvrage, voici le texte que les éditeurs ont eu la gentillesse de publier…
Le marché des Enfants Rouges
Un marché, c’est comme un papier fin. La page de ce livre. S’y inscrive ce qui nous passe sous le nez. On se sent un peu guêpe. Ou bourdon. On passe d’un étale à un autre, à la narine, à l’oeil, à l’oreille. On perd tout contrôle pour passer dans le regard des autres, les mains du vendeur de légumes, la brassée de fleurs, la poignée d’haricots verts. Le Marché des Enfants Rouges est d’autant plus précieux qu’on le sent fragile. Presque protégé des vents, des cris, des indifférents. C’est comme une boule subtile, ramassée, protégée par nos regards. S’y mêlent la terre entière avec les mêmes ferveurs, les appétits aux dentales, aux diphtongues, aux sons mouillés, abrasifs. Toujours gentils, aimables. Il nous donne cette humanité qui nous fait tant défaut. Il nous bascule presqu’en arrière, en d’autres temps (ou qui sait, à venir), celui d’une belle humanité, d’une belle fraternité, engageante, gourmande, sensuelle.