Paris. L’entente, chasse à court

So british

La gastronomie est comme un jeu de pistes. Souvent, il suffit de suivre les empreintes, rejoindre les terriers et les tanières. Parfois, c’est croquignolet: un sanglier est passée par là, remuant le sol du groin, laissant un joyeux bazar et sa signature. Et puis, il y a de jolies surprises que l’on suit pas à pas, en catimini. Ils sont passés par ici (Fish la Boissonnerie, Sémilla, Albion…), les voici nouvellement installés entre Bourse et Opéra, à Paris, au restaurant l’Entente: Oliver Woodhead avec en cuisine, Matthew Ong. Ils ont donc investi dans des bleus fumants une brasserie anglaise royalement décomplexée. On a tellement brocardé la cuisine britannique en nos terres si hospitalières que plusieurs générations de chefs british en ont encore les oreilles perforées. Pourtant quoi de plus accueillant qu’une tourte (pie) emplie en ses entrailles d’agneau ou de volaille, de petites légumes et de sauces lentes. c’est comme un tabernacle, un petit comme chez soi. il y a la magie du feuilletage, son ouverture libérant tous les fumets du plat, la sauce Worcestershire et son raffut aigre-doux. Ce qu’il y a d’irrésistible dans la cuisine anglaise, ce sont aussi les desserts. Ils sont tellement plaisants, accordants. il n’y a aucun ego piquant, de Taras Bulba frustrés. Non juste des desserts d’abandon, de reddition. De la crème, encore de la crème, comme une ritournelle, une chanson enfantine, un enfermement. On a envie de s’y emmitoufler, de s’y cacher pour l’éternité. Là aussi, il y a comme une piste remontée, l’enfance lactée. Il y avait ce jour là, à coté de la crème de citron (le lemon posset) un biscuit shortbread doucement chaud, établissement un contraste diabolique entre l’alangui citronné et ce sablé croquant. L’Entente, comme pour devancer une réconciliation (à quoi bon du reste, vivent les dissensions) propose un décor aux vastes banquettes, nappes blanches, chaises Thonet et moulures des grands boulevards. Il dispose également d’un bar particulièrement scélérat avec notamment un cocktail ravageur : le basil & Cumcumber Martini. Là, ce n’est plus vous le chasseur, vous êtes joliment pris au collet.

Les meilleures tables. Les belles banquettes sur la droite en entrant, ou encore dans la partie gauche près des vitrines.

Dommage. Notre dédain pour la cuisine britannique.

À emporter. La douce idée des desserts indulgents.

L’Entente, 13, rue Monsigny, 75002 Paris. Tèl.: 01-47-42-92-35. Ouvert tous les jours.

Décibels: 79db, clientèle détendue.

Mercure. Aux beaux jours, la douceur lutécienne: 20°c

L’addition: comptez 35-40 euros

Minimum syndical: la formule « théâtre express » (18h-19h30): 25 euros.

Verdict: yep !