Paris: le Bonaparte enfin réouvert…

Bonnaparte

 Pour le Figaroscope, un petit tour dans un de mes cafés préférés…

"Tout bonheur commence par un petit-déjeuner tranquille" Somerset Maugham

Après trois mois et trois jours de travaux, le Bonaparte nouveau est de retour. Cela commençait à bien faire. Certes, il y avait le Flore pour patienter, mais celui-ci, à la longue, devient sursaturer, surexressif. C’est bien simple, il n’y aura bientôt plus d’inconnus dans ce café. Ce sera comme une réserve de chefs Mohicans avec leur grand chapeau de plume, leurs calumets. On passera devant. Ils nous regarderont presque envieux, feront des signes avec leur éventail, leur solitude célèbre. Il nous restera Paris, les autres terrasses. Les Deux Magots, certes (tout le monde en terrasse,   espacement royal à l’intérieur), mais, franchement, je préfère le Bonaparte, pour sa tranquillité, son calme olympien. Là, il y a du monde, mais on a la paix. Le pape, ni le Christ, ne s’arrêteraient ici . Une sorte de doux recul avec l’effervescence carabinée qui s’agite devant, c’est presque mieux. L’ensoleillement est meilleur (souvenez vous, l’exposition est similaire au Sennequier) et l’on a tout le loisir de voir arriver les silhouettes, les détailler sans faire les essuie glace. À moins que vous ne soyez un habitué, le nouveau Bonaparte ne vous sautera pas aux yeux avec un déluge de détails néo- new. Non, on a l’impression que l’on a juste passé le plumeau, alors que pendant trois mois, on est y allé quasiment à la dynamite. Les cuisines se sont ouvertes, le bar a reculé, les devantures sont en bois, la clim ronronne et une superbe banquette joue les arrondies dans la salle principale.

La salade. Dans le coin, mine de rien, les cafés se remuent. Il fut un temps où l’on se foutait royalement du monde et l’on exigeait quasiment le pourboire. Maintenant, on fait attention, car de partout, le niveau monte. Sont venus s’accrocher au ponton, l’Armani Caffé, puis la Société, voire le Ralph’s, du coup, il n’y a que Lipp qui roupille ( et ronfle de plus en plus fort : il faudrait leur dire tout de même) . Il n’est plus question de balancer des salades en la décorant de rondelles d’œuf, maintenant, c’est tout juste si l’on ne vous présente pas un cochon bagué, de la truie botoxée pour sublimer la salade Saint Germain : jambon au torchon donc, emmental, mesclun. C’est bien. Pas de grand coup de gong, mais un minimum honnête, valable, plaisant.

MAIS ENCORE…

La clientèle. Celle du Bonaparte est hétéroclite, pas de bandes, ni de tribus mais un curieux dosage de touristes (en terrasse), de voisins, d’irruptions inattendues (régulièrement,  une égérie) des soixante huitards lassés du remue ménage du Flore, des paisibles, des dépressifs, des gens qui parlent, qui se taisent.

Le service. Fringant, enlevé, parfois juvénile, il est dans l’état de grâce de la reprise, même lorsqu’un couvert tombe, on vous le change. Du jamais vu dans les cafés de saint Saint-Germain…

Est ce bon ? Correct. Peut-être un peu trop de tartines Moisan un peu partout (avec le tartare) mais le niveau est plus qu’honnête grâce à la qualité des produits.

Est ce cher ? la salade à 15€n’est pas donnée, mais vu la situation et le casting, cela passe. Le verre de brouilly à 7€ reste quand même bonbon (grosso modo, ça nous porte à 50F, ou si vous préférez, 5000 anciens francs).

Faut-il y aller ? Oui.

Le Bonaparte 42, rue Bonaparte, 75006 Paris (0..43.26.42.81) Plus d'Infos MAP

  • Thierry Richard
    31 mai 2011 at 13 h 46 min

    Si ma mémoire ne me joue pas de tours, je crois bien que Sartre habitait juste au-dessus.

  • S Lloyd
    1 juin 2011 at 3 h 38 min

    Monsieur Richard,
    Moi aussi je pense que Oui, Sartre y habitait au dessus. Du moins, j’avais cru en entendre parler

  • a.o.
    1 juin 2011 at 10 h 52 min

    100 balles pour une salade et 50 balles pour un verre de brouilly.
    Bienvenue à St Germain des Prés.
    Je crois que si certains etablissements affichaient encore leurs prix en euros ils se prendraient (à juste titre??) quelques pavés en pleine poire.
    Ou alors c’est moi qui vieillis mal. :-))

  • karamazov1970
    6 juin 2011 at 15 h 29 min

    Regardez bien, enfin devinez le logo du nouveau Bonaparte: c’est carrément un copier/coller du logo de Café Pastis dans le Meatpacking, lui-même copie, image new-yorkaise singeant le café parisien tel qu’on pourrait le phantasmer…
    Boumbadaboum, et retour à l’envoyeur! «Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation.» G.D.