Paris. Claus, la tyrannie de l’exquis

Un brin trop marketé...

Récemment pour M le Monde, je suis parti à la recherche d’une adresse singulière…

 

 

 

Jamais Paris n’aura autant parlé le langage des restaurants. Avec à la clé, la superposition des dialectes. Ça va dans tous les sens. À présent, on becquette à toute heure et partout: sur les quais, dans la rue, au bureau, dans son plumard. Les catégories complexifient le bazar et bonne nouvelle, le classement vertical n’a plus aucune pertinence: qui peut prétendre qu’un crêperie est supérieure à une pizzeria ou a un sushi bar? Elle est juste différente, et cela nous procure une paix royale question adjudants rangeurs. Bien entendu, dans la canonnade générale, des adresses croisées se glissent, à l’instar de Claus et ses petits déjeuners, s’installant de facto à l’heure du déjeuner avec une toute troisième et nouvelle adresse, au bord du Marché Saint Germain. On retrouvera là une population bien spécifique, genre éludeurs du sujet, éviteurs de bouffe, laines d’Ecosse 2018, soldes privées Caravan, fausses Sarah Lavoine…C’est un petit bijou de clientèle, tournant autour du pot, demandant que les nourritures ne gigotent surtout pas, et que, par pitié, elles restent là où elles sont. Dans l’assiette donc. Genre de plats de punition, réduites au minimum, à prix flagellant, comme ce bol d’épinards, radis noir, graines de courges, avocat et poulet (14,50€). Ne soyez pas effrayé, malgré l’intitulé,  il n’y a quasiment rien dans le bol, pas même de goût si ce n’est le poulet avec une  petite saveur de frigo. Du reste l’assemblée, est au dessus, interpose conversations urbaines (en vrac: Los Angeles, galeries, achat), voire une deuxième sous couche: l’écran des téléphones, leurs messages, leurs interpellations digitales. Le dessert arrive alors comme un petit coup de martinet, la mortification sucrée à l’instar du pfannkuchen bavarois, vaste pancake délicieusement vicieux aux pommes et amandes (11€) dont le souvenir restera gravé une bonne partie de l’ après midi. Les jus sont d’équerre (pomme-gingembre-curcuma-carotte) et lorsque l’on sort on a la radieuse sensation de n’avoir pas mangé, d’être resté entre soi grace aux additions capitonnés. Bref d’être à Paris, France.

Les meilleures tables. Jolie salle trendy avec une préférence pour les coins.

Dommage. La misère du salé;

A emporter. Beaucoup de pâtisseries maisons bien dodues.

Claus Saint-Germain-des Prés, 2, rue Clément, 75006 Paris. Lundi-vendredi de 8h à 17h; week ends: 9h30 à 17h.

Décibels: 70db, conversations soutenues, musiques paresseuses alternant Sade et opéra.

Mercure: 21°c.

L’addition. Sans crier gare, on grimpe dans les 30 euros par personne.

Minimum syndical: petit déjeuner « le Français » 18,50€.

Verdict: pour les SM de la petite cuillère.

  • Claus Estermann
    27 janvier 2018 at 20 h 12 min

    Cher Monsieur Simon,

    je vous fait part de mon grand étonnement sur votre « critique » à l’égard de mon restaurant de Saint Germain des Prés dans votre article dans M Le Monde du 6 janvier 2018. Vous semblez méprendre notre positionnement qui est de facto celui du petit-déjeuner et non, comme vous l’affirmez dans votre texte, celui du déjeuner.

    Il aurait été plus opportun de venir à 9h afin d’avoir un regard plus proche du propos et nous critiquer sur ce créneaux la. De plus, vous avez oublié de mentionner que 50% de notre menu est bel et bien du salé, puis la musique vous ennui, la clientèle vous agace, le concept vous insupporte et mes clients en prennent plein la tête. Et quand vous jugez deux plats qui ne font plus partie de notre menu depuis deux ans comme « fade », c’est bien la ou l’acharnement sans objectivité aucune se confirme.
    C est tout de même étonnant que le grand François Simon juge désormais des plats des restaurants sur images (que nous avons envoyées à votre service iconographique suite votre demande pour illustrer cet article)?

    J’écoute sans contrainte toute critique tant qu’elle apporte un minimum d’objectivité et constructivité. J’attendais justement la votre avec une grande curiosité. Mais là, je ne sais même pas quoi faire avec. Sauf de bien rigoler …

    Bien à vous.

    Claus Estermann