Paris. Le Bel Ordinaire, la ville mise en scène

faut voir

La table en chêne est magnifique. Elle est biblique. On pourrait imaginer une scène, un Jesus trônerait. Mais on ignore quand il a réservé. En attendant, voici le Bel Ordinaire, le dernier cri primal que vient de pousser la Capitale. Il faut croire que ce n’est guère aisé de sortir son verbe dans cette jungle de tous les cris, les remixes, ressucées et autres chants. Celui-ci se veut a capella. Quasi druidique, pastoral, presque nu. De vastes et hautes étagères contenant le sel (le fameux  grand cru de Batz) et le miel de la terre, des flacons à vous faire devenir chèvre (également disponible en fromage). Et puis il y a les clients. Par chance, pas trop de barbus tatoués, des Poulidors de la mode, d’ Instagrameurs habillés. Non des gens, comme vous (ohé) et moi (passons). Dans les assiettes activées par Nicolas Fabre (ex-Freddy’s, ex- Kitchen Gallerie), c’est du bourre pif allusif, lisez par là des bombinettes bien vissées: légumes rôtis, pesto et piment; ou encore burrata avec chapelure de câpres et tomates confites. Et surtout couscous de Morteau allègre et bien perché; tartines d’escargots en persillade et pancetta. Les assiettes façon tapas arrivent innocemment sans troubler la conversation et c’est au bout de quelques fourchettées que vous réalisez qu’en dessous il y a du monde. Cette grande salle oecuménique est solidement activée par des poulies joviales: le vibrionnant Sebastien Demorand, dingo de la bouffe, en association avec Cyril Rossetto et en salle; un marteau sans maitre des flacons, William Mercier. Jeunes demoiselles adorables et ferventes au service d’une clientèle plutôt bien mixée, à travers les générations, les goûts et les connaissances avec bien entendu, Paris oblige,  les inévitables pervers narcissiques venant tisonner le personnel.

Meilleures tables.Au moins, c’est pratique (enfin presque) une grande et vaste table d’hôtes.

Dommage. Pour les conversations intimes, passez votre chemin. On serait plutôt dans une auberge de ville avec son brouhaha, les gens qui se lèvent, boivent et parlent;

A emporter. Alors là, des centaines de choses. C’est sourcé à mort: vins, pâtes, huiles d’olive, conserves, raretés…

Le Bel Ordinaire, 54, rue du Paradis, 75010 Paris. Tèl. 01-46-27-46-67. Ouvert du mardi au samedi.

Décibels. En pleine fusion, 85 db

Mercure. Au milieu de la soirée, 20°c

L’addition: on peut grimper dans les 30 euros maximum.

Minimum syndical: le couscous de Morteaux à 11 euros, et une salade de poulpe à 9 euros.

Verdict: yep !