Paris. Le Bar des Près, l’agilité de Cyril Lignac

il était temps d'être de retour

img_0321Bar des Prés, l’agilité des nouveaux lieux

La table n’est jamais aussi intéressante que lorsqu’elle se met à glisser. Parfois d’une époque, parfois d’une école. Parfois même d’une pilosité  (la cuisine moustachue/celle des barbes de trois jours)…En ce moment, si vous vous postez à la croisée des chemins, sachez qu’elle mute. Et ce, non sans rappeler la création de l’hôtel Costes par Jean Louis et Gilbert Costes (1995),  sortant non sans malice du champ critique traditionnel en interposant des nourritures faussement innocentes, joueuses et provocantes. Ils ne souhaitaient pas être jugés comme un restaurant, se plaçaient comme les fraises de Plougastel, hors sol. Et bien peinards. Cyril Lignac (deux bistrots, quatre pâtisseries, un restaurant étoilé: le Quinzième) a lui aussi senti la mutation des genres, le caméléonisme ambiant, les soudaines embardées des appétits suppliant à présent de moins manger, sans gluten, sans graisses, sans tarder et sans horaires.  Sans rien, à la limite. D’où un ruissellement de tables cherchant dans l’obscurité le nouvel interrupteur. Voici donc son bar des Prés, mitoyen à son bistrot malin faisant régulièrement salle pleine, non seulement pour le minois du chef télévisé régulièrement présent, semeur d’émois , mais aussi pour des nourritures habiles, jolies (sa marque). Son bar est une sorte de réponse entre celui du Flore et celui de la Croix Rouge. C’est un peu comme une station service dépannant les indécis en cocktails, sushis,  lobster rolls, tartare de boeuf de Salers, saumon mi cuit, sashimis et petite dalles soudaines. Le lieu est bien agencé, à la scénographie intelligente, favorisant les esseulés et les célibataires (long comptoir), les tables en alcôves; le tout avec bande son, entrain du service et carte savamment dépouillée. Ce n’est donc ni un bar, ni un restaurant, mais une sorte de comptoir, à l’instar de celui de Yves Camdeborde avec ses « avant comptoirs », non loin de là. Au déjeuner, on peut ainsi se glisser dans un menu efficace (mais à 40 euros, tout de même) proposant en un battement de cil, bol de riz avec petit ragout de thon, sauce Mirin; un bouillon dashi avec deux auréoles radis et en plat central mais resserré, une salade de ventreche de thon snackée, avec légumes. C’est très agréable, sain, voire plaisant, efficace. On tient là, sur cette brindille très professionnelle, tout l’esprit d’une époque, volage, effleurant sans approfondir, véloce, sautillante, pleine d’alibi et de mistigris. Indolore et dispensable.img_0327

Les meilleures table. Bien sur au comptoir à droite en entrant et ponctuellement les tables aux banquettes demi cerclées depuis a devanture jusqu’au fond de la salle

Dommage. Because Sixième arrondissement, Un chouia chérot tout de même.

A emporter. Et à goûter les pâtisseries maison.

Le Bar des Prés, 25 rue du Dragon. Tel.: 01-43-25-87-67. Ouverts tous les jours. www.cyrillignac.com

Décibels.Aux tout débuts, au déjeuner, calme olympien: 70db.

Mercure. Standards convenus: 20°c

Addition. Si l’on picore sans trop regarder, on peut s’embarquer dans les 50 euros facilement

Minimum syndical. Tartare de boeuf de salers, 19€.

Verdict. Oui, en passant…