Tannat, hummm, « intéressant »…
Il y a peu je suis allé pour M le supplément du Monde, dans ce restaurant du 11 eme. Voici mon sentiment…
Pfuit, cela ne doit pas être si facile d’ouvrir un restaurant. De charmer en un battement de cil, d’épater en faisant fumer les pneus, de séduire en un tour de rein. De surcroit, il faut que ce soit instantané. Un claquement de doigt, un wow subit. De l’éclair quoi. Finies les époques des chenilles processionnaires, des doubles rideaux et des halogènes sur variateur. Maintenant, il faut que le client rougisse dans la seconde, cherche ses mots. Ceux là même que l’on retrouve sur les réseaux sociaux et leurs étrange unanimité, la nouvelle adhésion sociale. Tannat, ce nouveau bistrot ouvert à Paris par des pointures venues des grosses cylindrées (Shangri-La, Tour d’Argent, Bristol, Richer) récupère des brouettées de lauriers. C’est « très, très bien », « très bon », « tout au top »…Ca n’arrête pas. Une sorte de chape de miel, d’enthousiasme enfantin. Aussi lorsqu’on s’y assied, on voudrait être dans le même élan, rejoindre les bienheureux, en « faire partie », retrouver le potlatch bienheureux, le rayon vert de la réconciliation. L’accueil du reste est vraiment gentil, compréhensif. La clientèle s’y adoucit à sont contact. Lorsque les plats arrivent, on comprend tout de suite l’unanimité. Celle qui nait d’un étonnement et parfois d’un embarras; la joue de cochon avec les pois cassés roule bien, mais la fêta la complique, idem pour la gaufre de ratte, saumon, concombre et chou-fleur. Le cabillaud s’embarque avec allégresse dans l’aubergine et le basilic, mais se voit stoppé net par une myrtille rendant certes le plat étrange mais réflexion faite, un peu barré dans son élan. Dans ces cas là, on dit que c’est « intéressant ». et si l’on vous demande de préciser, vous rajouter « très bon », histoire d’éviter les palabres. Les desserts fonctionnent aussi comme les montres de luxe, à la complication: vacherin, à la cerise au lait d’amende et au citron vert. Cherchez l’intrus. Pourtant, l’adresse est plus que vertueuse. elle bosse de façon exemplaire et même admirable. Reste juste à trouver la note. Plus douce,plus calme, plus simple. Et là, on reviendra.
Place de choix. Les banquettes tout autour sont très plaisantes. Mais au comptoir, cela semble bien, on n’y réserve pas.
Dommage. Le propos parfois trop bavard, compliqué. Sans doute le temps éclaircira le chant
A emporter. L’idée de pouvoir venir à l’improviste et s’attabler au comptoir. Un restaurant devrait ainsi: une auberge accueillante.
Passage à l’acte
Tannat, 119, avenue Parmentier, 75011 Paris. Tel.: 09-53-86-38-61. www.tannat.fr fermé samedi et dimanche.
Décibels: 69db, clientèle apaisée les doigts sur les coutures, agréablement écaillée par un histrion au bar.
Température: 25°c, en adéquation avec la température extérieure
Addition: comptez 40-50€.
Minimum syndical: Formule au déjeuner autour de 15-20€.