Nice, Petite Maison mais grande comédie…

Nice, petite maison, extérieur

 

 

 

Il existe par chance un filon inépuisable de restaurants en France dont une catégorie dont le monde nous envie : les impayables. Ils sont souvent pleins sans raison, les plats sont parfois quelconques, voire mauvais. Ils nous enchantent,nous agacent. Bref, ils sont aussi dans leur genre, irrésistibles. Ils nous attirent comme les rubans à mouches, les soldes à 75%, un bus coincé dans une rue étroite. À Nice, cette petite perle s’appelle la Petite Maison. Au téléphone, la comédie commence sur les chapeaux de roue. On vous laisse en plan pendant deux minutes. Vous ne réalisez pas alors qu’il s’agit d’un entraînement pour la suite. Un garçon essoufflé reprend l’appel avec un ton exaspéré. Ouf, la réservation est prise.

 

Lorsque l’on arrive, même punition. Vous êtes dans l’entrée comme un client neuf, mais vous dérangez. Vous vous retirez du passage en vous excusant presque. On ne vous regarde pas. Mieux encore, vous n’existez pas (c’est parfois un sentiment agréablement léger). Il s’agit alors de se remettre dans le passage tout en évitant la collision de piéton. Votre table réservée à l’intérieur est déjà prise, il n’y a plus de place (en fait, si). Direction : la terrasse. Bah, au moins vous avez une table et personne ne vous retire la chaise lorsque vous vous asseyez. Le ballet peut commencer avec les arrivées de ceux qui vont se faire moucher et ceux qui vont hériter de la bise de la patronne, Nicole. Parfois, vous êtes juste dans l’alignement de son regard. C’est drôle et pathétique. En un clignement d’yeux au laser, elle vous dépèce un caïman, un poussah, une murène. Quelques opulents naïfs se font maltraités ; d’autres accompagnés de filles en cheveux font rameuter tous les serveurs et les pourliches.

L’assiette n’a pas le même cynisme grinçant, et la fricassée de loup n’est pas accompagnée de vitriol ; elle est même bien dommage qu’il manque une petite touche locale de cyanure et quelques poignées de châtaignes. Tiramisu quelconque bien qu’annoncé extra ; additions extravagante (ça, c’est pour le fun). Lorsque l’on ressort, on est presque soulagé. Certes on a été vidangé, mais on a échappé à la clé au bras, à un coup de dents, le bizutage cosmique. C’est la petite Maison à Nice, courue du monde entier. Mais on ne sait pas dans quel sens courent véritablement les gens ? Vers le dehors probablement.

3, rue de l’Opéra, 06000 Nice. Tel. : 04.93.92.59.59. Cartes de crédit. Comptez 150€ par personne.

 

  • pbea
    7 mai 2012 at 15 h 14 min

    Leur site est impayable également, ahahahah!
    « La Petite Maison
    Nice . Cannes . Londres . Dubaï . New York »

  • claude
    7 mai 2012 at 19 h 28 min

    Bravo adresse totalement bidon, dérisoire que dire … ils méritent le bâton …

  • Marylène Constant
    8 mai 2012 at 20 h 18 min

    Comment, cher François Simon, avez-vous pu lire dans nos pensées? Cette petite maison porte bien son nom. Adresse chichiteuse s’il en est! Le pompon étant le pain laissé dans l’emballage du boulanger fournisseur.
    Tout est prétention dans ce lieu

  • new era hats
    9 mai 2012 at 7 h 24 min

    Merci pour votre article, très bon

  • Nathalie
    9 mai 2012 at 8 h 17 min

    Merci d’enfin rendre justice à tous ceux qui ont eu droit à la gueule de la patronne, au service poussif et au néant dans leur assiette…puis dans leur portefeuille.
    Contente d’avoir survécu à cet endroit, cette »cuisine » et son »cerbère!