Nice, la Merenda, cuisine pastorale

Nice, meranda, pates

 

C’est tout de même amusant de voir comment un restaurant arrive à lier sa clientèle. Ou si vous préférez à l’éduquer. Il y a comme un code. Parfois insolent et cynique ; d’autres fois des tables singent le Paradis, parlent doucement, ont presque des ailes qui leur poussent sur les omoplates. D’autres encore voudraient que l’on plie l’échine, salue et s’incline. Finalement, vous pourriez continuer longtemps cette litanie. Souvenez vous… Cette fois ci, vous voici  à Nice dans un restaurant hors du commun. Pas de réservation, ni de carte de crédit, ni téléphone. C’est déjà original en soi. Mais si certains s’arrêtent là, d’autres poursuivent leur propos. Voici donc Dominique Le Stanc, un ancien grand chef de palace (le Negresco, à Nice). Il  bourlingua, passa par Monte-Carlo : la carrière l’attendait, sa bonne frimousse l’y aidait. Il lui suffisait de dire  oui. Il dit  non, comme plus tard une nouvelle génération de cuisiniers s’embarquant dans la bistronomie.
 Il reprit alors une institution niçoise, la Merenda. Le Stanc se plia dans le sillage des anciens propriétaires : cuisine niçoise, un point c’est tout . La table est maintenant connue dans le monde entier parce qu’elle est simple comme bonjour, bonne et aimante. Il suffit donc de passer dans la journée et là, vous tomberez sans doute sur le chef et son acolyte entrain d’écosser les petits pois. Un cahier de réservation est à portée de mains. Ils regardent la bobine des visiteurs. Et voilà : à ce soir !

Nice, Meranda, carte
Lorsque vous arrivez, c’est tout petit. Il y a vingt-quatre tabourets alignés les uns près des autres, et par chance des tables. Dessus défilent les plats locaux avec un bonheur sans nom. Des Californiens s’essaient à l’andouillette avec un étonnement douloureux, des Corées triturent des tripes et voilà, daube, : pâtes au pistou irrésistibles, tarte aux poivrons, tripes, beignets de courgettes, mesclun, riquette et ricotta, queue de boeuf et polenta à l'orange, févettes crues et pancetta, daube de boeuf… Avec un vin rouge de Provence, on s’en sort à deux pour une centaine d’euros, cure de jouvence non facturée. Il y a là comme une dimension pastorale. On se croirait dans une crèche avec le papier muraille, la même dévotion appliquée et confuse. Dominique Le Stanc,   chevelu comme un Jésus, affiné comme un apôtre disparaît parfois dans un nuage de vapeur. On a peur qu’il ne monte au ciel prématurément. Puis il redescend. On prend des photos, on s’échange des sourires et des cartes de visite. Il y a à la Merenda comme une communauté retrouvée, une arche de Noé.

La Merenda, près du marché Saleya, 4, rue Raoul Bosio. Pas de Téléphone. Nice. Passez le matin ou dans la journée pour réserver votre table.

 

 

  • emmanuelle
    7 juin 2012 at 22 h 08 min

    c’est exactement ça. Et cette photos des pâtes au pistou!!!