Poursuivons cette visite de Montreal réalisée pour Air France Magazine, avec une dimension qui m’a frappé, la dimension sonore
Ici encore, la dimension de la « capitale » prend tout son sens. Dans les quartiers d’affaires et des grands magasins (Downtown), s’y empilent les signaux acoustiques, les climatiseurs, turbines, machines, automobiles sur une bande assez basse (lo-fi). En revanche, les villages laissent respirer l’oreille. Ils apportent même un champ, un espace en trois dimensions (hi-fi). Ainsi, on entend une conversation, un chien, le frôlement pneumatique d’un vélo, un rire, un chant, un oiseau, la cloche de l’église. Montréal présente alors une dimension locale rafraichissante. À qui sait tendre l’oreille et flâner, les trésors vont affluer. Sous ce pont de Rosemont, ce joueur de pocket-trumpet s’exerce en solitaire. Il vient de Cuba. Il s’appelle Eduardo. il a soixante ans. Nous parlons, enrichissant ainsi le paysage sonore.
C’est le luxe des villes fortes: jouer sur l’éphémère. Ne pas laisser de traces visibles, mais peut être plus profondes. Ces projets ont besoin de personnages de la même fluidité: des elfes, des apparitions colorées. Pourtant Patsy Van Roost existe bien. Difficile de la qualifier (artiste, résidente, professeur à l’université…), car les mots glissent sur elle, comme ses sourires, ses mots d’amour déposés dans les boites aux lettres. Elle souhaite que les gens se racontent, se rencontrent. Son message ? Le massage social par le verbe, les regards, les parcours sonores…