Monte Carlo, la maternelle reprend des couleurs

Monte Carlo, le soir
Monte Carlo restera toujours un formidable jardins pour enfants. Il faut voir ces grands garçons faire rugir leurs moteurs surpuissants, entrainant dans leur sillage des créatures tout aussi carrossées. En deux jours, ils dépensent le revenu annuel brut d'un laborantin car ici tout est drôlement cher, on hésite même à acheter un timbre poste. Il doit être proposé à 8 euros. Qu'importe, il y a dans ces excès le funambulisme du siècle, la mélancolie maquillée à l'innocence. Au bar de l'Hôtel de Paris, ce monsieur si digne fait danser ses chiwawas sous le roulis de l'orchestre déroulant « I'm just a gigolo>.

Cinq étages au dessus, le Grill (+377.98.06.59.03) fait glisser son toit ouvrant. Les clients s'extasient, photographient au flash la nuit noire. Dans l'assiette, il y a enfin du progrès. Il y a toujours eu dans cette adresse une sorte de malentendu congénital. Franck Sinatra, qui était alors actionnaire, voulait en faire un grill décontracté et envoya les pompes et les circonstances dans le si sérieux salon Empire. Le Grill n'allait jamais s'en remettre, sinua dans le j'menfoutisme, l'inertie SBM, et perdit bien évidemment une étoile miraculeusement décrochée. Depuis quelques années, l'excellent Franck Cerutti a repris les rennes de la restauration, sous l'égide d'Alain Ducasse. Et disons, que ça biche mieux, les plats tiennent la route, entre les célèbres poussins grillés, les cœurs de laitue à la monégasque, l'assiette s'intéresse à son sujet. Le service est un peu plus enjouée et à son affaire ; la clientèle (mi autocar, mi délicieuse) applaudit lorsque le feu d'artifices irise la nuit. On pense alors que cet emplacement est magnifique et mériterait un meilleur traitement. C'est la Tour d'Argent de Monte Carlo avec sa touche désuète mais caracolant avec candeur. D'autant que maintenant, les bonnes tables se multiplient à Monte Carlo.

Monte Carlo, Yoshi, entrée

L'arrivée de Joel Robuchon au Métropole a boosté la donne (Avenue de la Madone;+377.93.15.15.15 ; www.metropole.com ; Leading Hotel of the World)). Il y a non seulement sa table nickel chrome donnant dans la technique respectueuse et les touches dépouillées (salade de tomates digne de sa purée), mais il y a également la table japonaise Yoshi, déclinant avec tranquillité le savoir faire japonais acclimaté aux lubies locales. D'ici peu, on devrait connaître quelques frissons nouveaux, puisque Joel Robuchon travaille très sérieusement avec Karl Lagerfeld pour la nouvelle restauration de la piscine.   

Monte Carlo, Robuchon, tomates

  • Yves
    10 octobre 2011 at 10 h 12 min

    Est-ce pour contrer les 17% d’Arnaud Montebourg aux primaires socialistes que vous consacrez un billet à la gastronomie d’un paradis fiscal ?

  • a.o.
    10 octobre 2011 at 11 h 19 min

    La Principauté est un bien bel endroit mais encore faut-il savoir le prendre au second degré…