Molitor, le verdict du Cousin: ça patauge !

Paris, Moliror, Roof @Depuis son ouverture en mai, la piscine Molitor est dans toutes les bouches à Paris. Trop chère, trop élitiste, trop anti-démocratique, trop en rupture avec son passé glorieux… On a déjà tout entendu. C’est souvent comme cela en France quand il s’agit de faire revivre un lieu mythique, les tenants du « c’était mieux avant » donnent de la voix. Pas un jour sans qu’un observateur ne jette sa pierre pour démolir une réputation qui est pourtant loin d’être acquise.

Mais comment ça se passe en vrai là-bas ? Pas encore très bien pour tout vous dire… Les débuts relèvent plus de la brasse homérique que de la nage papillon.

Paris, Molitor, bainsFaisons la part des choses. L’établissement est atypique et respecte malgré tout le propos architectural voulu dans les années 20 par son fondateur Lucien Pollet. Mais désormais c’est plus que ces deux bassins quasi-olympique (en tout cas les plus grands de Paris), c’est aussi un hôtel pas encore droit dans ses murs, un fitness-center flambant neuf, un Spa Clarins grand luxe, un restaurant au rez-de-chaussée qui ambitionne d’être gastronomique (la carte est signée par le chef Yannick Alleno), une seconde table sur le  toit-terrasse plus informelle mais pas dénuée d’atouts… Bref, ce n’est sans doute pas une sinécure à rôder. Mais, il faut reconnaitre qu’au bout de deux mois, le compte n’y est pas encore, surtout pour les membres qui ont cassé leur tirelire pour avoir le droit d’écoper les eaux ou les plâtres…Paris, Molitor, le restau

Mais passons l’affaire au peigne fin. Pour la partie gastronomique, je suis allé voir de quel bois la cuisine se chauffait. Carte claire. Premier plat une fine tarte de homards aux jeunes pousses d’épinards (25€). Bien mené, c’était gentiment dressé et composait une jolie entrée. Derrière un Dos de cabillaud rôti à l’huile d’olive, ragoût de coques, artichauts et huile de chorizo (28€). Ca c’était nettement plus intéressant. Poisson bien cuit, artichaut d’une belle fraîcheur et l’ensemble relevé finement par les coquillages; ça marchait bien dans l’assiette. On dîne pour deux pour un ticket d’un peu plus de 150€, ce qui n’est quand même pas donné.Paris, Molitor, plat

Pour la table, on ne sort pas de Molitor avec des envies de meurtres. On pourrait même dire que cela se tient pas si mal. Mais, pour être vraiment malin, il faut aller voir la deuxième table. Le bon plan se situe trois étages au dessus du niveau des bassins, sur le « roof top » de la piscine. Terrasse en teck, voile géante pour faire de l’ombre, plancha, vue sur les serres d’Auteuil… On se prend volontiers à rêver d’oublier Paris ici. La carte est d’une simplicité déconcertante: quelques grillades, des salades d’une belle générosité, des légumes à croquer. Quand le soleil est au rendez—vous, on n’en demande pas plus. Les prix sont petits (autour de 20€ les grillades) Reste à redire sur les hésitations du personnel. Entre les commandes qui ne partent pas, les plats qui se font attendre, les petits gestes qui ne viennent pas, ce n’est pas très rassurant pour un lieu qui vise le sommet donc la tolérance zéro à l’imprécision.Paris, Moliror, plat 2

Alors Molitor, est-ce qu’une fois les flottements pris en compte et mis de côté, ça vaut le coup? Venir y boire un verre, en s’enfonçant mollement dans une soirée d’été, bien sûr. Diner gentiment pour découvrir le lieu qui raconte aussi une tranche de ce que fût Paris dans les années 20, bien sûr. Devenir membre à 1800€ le droit d’inscription auxquels il faut ajouter 3000 euros de cotisations annuelles, là c’est nettement plus discutable. A ce prix, c’est l’excellence que l’on vise et l’objectif n’est pas à portée de brasses. Promis, on reviendra pour voir si les choses bougent et s’améliorent.

MOLITOR

13 rue Nungesser et Coli, 75016 Paris
Téléphone : 01 56 07 08 50

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