Mersea, voici venues les nourritures furtives

Paris

img_8315Mersea, voici venues les nourritures furtives

Les villes sont depuis peu traversées par les nourritures furtives. Parce que nous le sommes devenus nous mêmes, traversant la cité, les bureaux, notre propre vie même, comme un Frisbee, une jolie savonnette. Sans doute aussi parce que nous sommes de plus en plus repérés, classés, localisés, marqués à la culotte. Identifiés. Alors nous déployons tout un dispositif diffus, de dérobées, de signatures réduites, au bord de l’indétectable. Voila pourquoi les restaurants à nourritures rapides connaissent un tel succès. On apprécie leur immédiateté : à peine entré, presque ressorti avec l’instant du repas réduit au strict minimum, 20 minutes douche presque comprise. Voici donc un tout dernier né, Mersea. Il vient de s’ouvrir quasiment en face du célèbre restaurant Chartier à Paris, près du Palace, dans un quartier en total changement. Quatre jeunes associés se sont mis en tête d’imposer une sorte de « fish and chips » à la parisienne, estampillé Bretagne. Ils ont prix comme signature, un consultant de luxe, Olivier Belin (deux étoiles, aux Glazicks, Plomordien), histoire d’avoir une authentification dans les « process »(les recettes, si vous préférez). Le résultat n’est pas mal du tout. Cela se sent dans un accueil très décidé, quasiment militant de jeunes managers défendant leur produit comme les couleurs d’un maillot. C’est tout simple au demeurant, du poisson, pané ou non, en salade, en soupe, en vapeur… En tout cas frontal avec des sauces maison, des frites en tortillons. Vous passez commande, réglez à la caisse, dans les 5 minutes arrive votre plateau. Voici donc notre pané dentelle, sincèrement impeccable dans sa proposition (un cabillaud dans une panure légère) rehaussée d’un condiment vinaigré à base de lentilles. Les frites sont un peu timides mais font le job; l’ensemble ne cassant pas trois pattes à un canard, mais réaliste, pas cher dans une ambiance au déjeuner de nos furtifs précisément, n’ayant pas l’ambition de somnoler ici. Leur cadeau, c’est sans doute de s’être restauré sans dommages collatéraux et d’hériter d’un moment de liberté. On est au bord de la « part maudite » de George Bataille, et ce, pour un morceau de poisson pané.

Les meilleures tables. Difficiles de se choper d’emblée la bonne table (vers le fond), ou alors venir en début ou fin de service.

A emporter. Hé bien, toute la carte puisque l’on repartir avec sa commande.

Dommage. Succès faisant, aux heures de pointes, c’est chaud.

Mersea, 6, rue du faubourg Montmartre, 75009 Paris. Tel.: 09-73-22-48-13. Fermé le dimanche (pour l’instant). De 11h30 à 23h.

Décibels: 84db, au déjeuner, collègues en roue libre.

Mercure: en ce mois de septembre, les portes sont grandes ouvertes. Donc météo correspondante.
L’addition. Le menu du chef à 14 euros comporte le pané dentelle, les frites fraiches, la sauce (yaourt épicé). Pas la boisson (limonade maison 1, 50€)

Minimum syndical: le hot fish à 8 euros.

Verdict: très sympa !