Maldives. Cheval Blanc, l’écume des Maldives

so lucky

Le luxe traverse quelques turbulences. Trop de marbre, d’or fin et de salamalecs ont engorgé le genre. Place maintenant, à une remise à plat où même les mots se refont une santé. Au dessus du lot et bluffant, Cheval Blanc Randheli aux Maldives, sur l’atoll de Noonu…

Le luxe n’a jamais tenu en place. Il a besoin d’effectuer un pas à côté. Précisément pour attirer, provoquer le désir. Il ne suffit pas d’empiler les prouesses de la domotique, les photos de stars allongées sur le sable blanc, il s’agit à présent de conquérir par la surprise soyeuse, l’attention délicate. Le sourire est d’or, la douceur de platine. Voici donc aux Maldives (au large de l’Inde), le deuxième Cheval Blanc (2013) du groupe LVMH, après Courchevel (2006) et précédant Saint Barth, Saint Tropez, bientôt la Samaritaine-Paris. Rien ne fut évident de se placer dans la cour des palaces écumant de fastes et de jalousies. Si Cheval Blanc Randelhi a su se glisser dans cet univers, c’est en prenant les codes à contre pied. Au petit déjeuner, matinal et jovial, ce Britannique résidant à Singapour a envie de parler. Il est à la tête d’un groupe important employant plus de 3500 personnes. Il connait tous les palaces du coin. « Pourquoi je préfère celui-ci? dit-il, c’est simple, ils sont tous très gentils: du jardinier au cuisinier, même avec le directeur, on se prend dans les bras. Je me sens bien, et s’il y a un truc que j’adore ici; ce sont les détails ». Son épouse est partie faire de la plongée. Sur le bateau l’attend son petit déjeuner que l’on peut réciter par coeur en cuisine: oeuf dur, cornichon taillé en rondelles de 5mm, expresso, avec le lait. À  côté.

Les détails. C’est souvent minuscule. Ne coûte pas grand chose. Juste de l’empathie. Sur le sable du chemin menant à l’une des 48 villas est inscrit ce soir « bonne nuit ». C’est désarmant, mieux qu’un chocolat sur la taie d’oreiller. Ici à Cheval Blanc, on a du détricoter les codes des palaces. Inventer des mots. par exemple, le personnel ici ne porte pas le nom d’ »employé ». Ce sont des « ambassadeurs »; les concierges devenant des « alchimistes » oeuvrant au sein de la « maison ». Au début, vous vous massez le menton devant ce glissement sémantique. C’est par la suite que vous comprenez mieux ce qui motive un fleuriste, une sommelière, un majordome. L’équipe de 430 personnes (pour 130 hôtes)  pianote sur 22 nationalités, 50% de Maldives. Il n’y a donc pas cette tension de l’excellence, le crissement de la perfection, l’acidité des hauteurs. Non, quelque chose de délié, suave, adoucissant au passage une clientèle apaisée, sans épate notoire.

Les séjours au Cheval Blanc appartiennent à ces transformations palpables de la texture du temps. Il est souple. Il est bleu outre mer, turquoise. Il glisse sous l’eau, croise parfois des raies mantas. A ce jeu des décrochages, nous perdrez légèrement la tête. Elle vaque. Elle rêve. Songe. Elle fait le chat, le lézard. Il fait midi, nuit, lune, soleil. Même votre vocabulaire est gagné par ces décrochements. Le tactile a pris le dessus: pieds s’accrochant au sable, battant la vague.

La table ici est aux aguets. Faisant mine de ne pas y toucher. Interposant jus vitaminé, détoxifiant, nourritures de spa au ventre rentrée. Pour parfois bondir avec appétit et talent comme au 1947 (le fameux millésime de Cheval Blanc) des produits acérés, l’onomatopée gourmande et une sommellerie à dévisser.

L’hydravion des arrivées et des départs a l’art de vous transporter dans une bande dessinée au graphisme répercuté dans l’architecture des villas: les panneaux coulissant grimpent parfois jusqu’à sept mètres, Jean Michel Gathy s’est amusé visiblement à faire la marelle entre Asie et modernité française; vert acidulé et jaune pop. Parfois un yogi vous transporte loin d’ici lors de méditation déployée sur l’île du spa Guerlain. Une vague vous réveille dans sa tiédeur. Vous faites le coquillage roulé par les vagues, l’abonné aux absents. Un bon livre vous attend, il n’y a pas que les double dressings et la wifi dans la vie.

Celle-ci n’est pas exclue pour autant. Cet après midi, vous entendez des rugissements de supporters en lévitation. Au volley, l’équipe du Cheval Blanc n’a pas joué dans l’hospitalité, elle a battu celle du Mövenpick par 3 sets à deux. Vous pouvez reprendre l’âme des vagues.

Séjourner

KUONI Émotions  propose un séjour aux Maldives de 6 jours/5 nuits à l’hôtel Cheval Blanc Randheli  nuits en villa pilotis avec petits déjeuners à partir de 7 578€ TTC par personne (vols en classe économique via Dubaï, transferts en hydravion).  Tel.: 01 55 87 85 65. www.kuoni.fr