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Vous connaissez le steward, authentique personnage vivant, 100 % français de race bourguignonne, et rabatteur d'adresses introuvables. Lorsqu'il est de bonne humeur,
il est intarissable. Il engagerait la conversation avec un distributeur de billets, une borne de parking. Cette fois-ci, ce fut le chauffeur de taxi qui eut le droit à sa défense du flan à la vanille, à la disparition des cafés (lieux de vie) et aux restaurants de chaîne envahissant les villes de province. Il était remonté comme un coucou du Jura lorsque la Mercedes (« à pneus Michelin, bravo monsieur ! ») pila devant le restaurant de Gruson, L'Arbre.
Il y avait là un estaminet qui faisait des scores d'enfer en servant de la bière et des moules-frites dans un lieu irréel, perdu dans la campagne silencieuse, mais au bord de la célèbre route pavée, celle du Paris-Roubaix. Un jour, Yorann Vandriessche en eut marre. Changea de formule et fit de la gastronomie. Le malheureux : il perdit toute sa clientèle ! Mais par bonheur, le Michelin vint lui déposer une étoile sur son front inquiet. Le steward adore cette France méritante, valeureuse ; celle des chefs patrons qui mettent tout dans l'assiette. Souvent rien dans leurs poches. Celle-ci, il faut le reconnaître, doit lui ressembler : fraîche, nette, bougeant bien dans des compositions vives : asperges « violettes » de Provence ; les pointes cuites au bouillon, les queues en tartare, tomates jaunes, mozzarella di buffala, pistou ; ou encore les langoustines dans un bouillon de romarin, avec des raviolis de chair de pinces émiettée pour terminer sur une tartelette à la bière et cassonade, crème glacée aux spéculoos.
Le steward bichait bien, mais gardait l'oeil aux aguets de peur que l'harmonie ne se brise sur une miette de pain, un éclat de chocolat. Mais non, tout fut bien. Le condrieu coula à flots dans sa gorge déjà rafraîchie par deux bières en gare de Lille. Au moment du fromage, il y eut comme un voile dans son regard, comme si la France roulait avec un pneu dégonflé. Il n'y avait pas de boule d'Avesnes, ce genre de fromages qui ferait tomber dans les pommes un autocar de buveurs de thé. Histoire de se remettre de cette contrariété, il devança illico le coup suivant en demandant s'il existait une carte des genièvres. Pourquoi se gêner ? Ceux-ci arrivèrent défragmentés en deux verres ballon, un plus clair que l'autre, ce qui nous valut un essai comparatif, des allers-retours soucieux et faussement inquisiteurs, un nez furtif reniflant comme un chien truffier. Bah, le steward l'avait bien mérité, cette adresse est extra !
L'Arbre, 1, pavé Jean-Marie-Leblanc, Gruson (59). Tél. : 03 20 79 55 33. Menu au déjeuner à 29 eur, puis nombreuses formules aménagées.
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11 août 2012 at 11 h 02 minVous connaissez le steward, authentique personnage vivant, 100 % français de race bourguignonne, et rabatteur d’adresses introuvables. Lorsqu’il est de bonne humeur,
il est intarissable. Il engagerait la conversation avec un distributeur de billets, une borne de parking. Cette fois-ci, ce fut le chauffeur de taxi qui eut le droit à sa défense du flan à la vanille, à la disparition des cafés (lieux de vie) et aux restaurants de chaîne envahissant les villes de province. Il était remonté comme un coucou du Jura lorsque la Mercedes (« à pneus Michelin, bravo monsieur ! ») pila devant le restaurant de Gruson, L’Arbre.