Lily Wang dans les vapeurs

Paris, Lily Wang salle
Rien de tel qu’un froid de canard pour révéler une adresse. Il y a comme un resserrement des pores, une haute définition, un grain plus sensible. La clientèle est clairsemée, le quartier se borde, le ciel de la nuit semble lui aussi avoir baissé les rideaux, son front est bas. Dans ce restaurant de l’avenue Duquesne, posé dans le delta du carrefour, la terrasse qui l’été resplendit, poireaute en vain. Pas même un tireur de clope, tout juste un voiturier, les mains au plus profond de ses poches.
À l’intérieur, le maître des lieux, le mythique Jean-Yves Bouvier est là, comme une icône, une sorte de hibou drôlement chouette, jaugeant d’un plissement de paupières les maigres allées et venues de ce début de soirée. On l’imagine en son for intérieur, dépité par la piètre quantité et qualité de la pêche récoltée dans la nasse. Il ne bouge pas. Doit penser. C’est notre Marlon Brando de la nuit, une sorte d’hologramme perpétuel. Il n’a pas tort de rester sur sa branche de velours à boire son verre d’eau et quelques nourritures abrégées, la soirée ne fait que débuter. Ce sera plus tard qu’il faudra bondir pour mieux étreindre ses proies. L’une d’elles arrive en la personne du maire de Paris. Les tentures s’ébrouent quelque peu puis tout repasse au calme.
Question de goût ou de style, disons qu’en ces temps sibériens, le rouge baiser, les lampions chinois en lourdes gouttes étirées sont du plus bel effet. Le lieu est sexy, griffé Garcia. Il sait ménager les allées et venues. On peut faire son catwalk quelques instants ; miroirs et corbeilles, arrondis et coins paisibles par brassées, l’ensemble fonctionne bien. Rien que pour ça, la soirée est presque réussie.
 On a déjà tout dit sur la griffe Costes qui porte ici quelques regards (mais n’en est pas propriétaire) mais, à chaque fois, il faut vérifier. On nous avait annoncé des filles ravissantes aux jupes très courtes. Rien. De jolies filles certes, mais rien d’aguichant pour celle affectée à notre table, juste posée et parlant avec une belle voix profonde. Quant au maître d’hôtel que l’on signale souvent cassant et prétentieux, itou. Il était gentil, attentionné, presque complice, changea même sans rechigner un bordeaux à moitié bouchonné issu d’une carte poussive.
Paris, Lily wand, salade de boeif
 Rendu à ce stade de la soirée, les nourritures devraient être accessoires voire charmantes. Elles ne le furent guère. Les cuissons des poissons étaient loupées, les saint-jacques calamiteuses. Voulant rester sur une note optimiste, nous avons choisi une salade de coeur de laitue. Ce ne fut guère glorieux, style barquette de supérette. Quant à la salade de boeuf citronnelle, elle était déjà dans le fossé avant même de démarrer. Présentée comme un carpaccio, elle bénéficiait d’un renfort de salade poussive et si peu assaisonnée.
Au final, lieu réussi mais nourritures à la ramasse.
ur.
LILY WANG 40, avenue Duquesne, VIIe. Tél. : 01 53 86 09 09.
  • Gould
    5 février 2013 at 22 h 00 min

    Hey, what did you expect?