Voici la suite de notre sélection…
6. Le Jules Verne
C’est vrai, depuis qu’Alain Ducasse et ses calculateurs et calculatrices ont repris les rênes de cette table, ça ne rigole plus dans l’assiette. Parfaitement grammée et plus ou moins bien cuisinée, celle-ci maintenant, c’est clair, entre dans les plans d’amortissement du bail délivré par la Mairie de Paris. Cela dit, le Jules Verne reste le restaurant le plus couru de la capitale. Et sans doute du monde, tant la situation est stupéfiante. Paris est à vos pieds (l’idéal, c’est le versant Trocadéro) et l’on ne regrette qu’une chose: ne pas voir la tour Eiffel. Ceci dit, la montée par l’ascenseur reste un grand moment. On peut même redescendre à pied, ce qui constitue une des plus belles joies de Paris. Pour le reste, dîner inoubliable surtout les beaux jours venus, assiette on l’a dit prévisible et réservation tenant de la sainteté.
Le Jules Verne, Tour Eiffel, IIe étage, Champ-de-Mars, VIIe. Tél.: 01 45 55 61 44.
7. Le Baratin
Certes, le patron (Philippe Pinoteau) n’est pas un tendre et il a ses têtes. Comme s’il devançait une clientèle parfois trop envahissante, exigeante. Car les médias n’ont de cesse de rabâcher cette adresse, de scander les louanges d’une cuisinière brillante et simple: Raquel Carena. La bonté et la rareté du lieu trouvent leur écho dans un quartier au naturel, une rue à la Doisneau et un éclairage propre à effrayer les limousines. On vient en tout cas du monde entier s’encanailler dans ce bistrot gastronomique, s’enivrer de vins naturels et se masser aux conversations enjouées. C’est l’une des dernières adresses tonitruantes, hautement vivantes. Il faut donc y arriver en pleine forme pour goûter le haut volume d’une cuisine ouverte et directe.
Le Baratin, 3, rue Jouye-Rouve, XXe. Tél.: 01 43 49 39 70.
8. L’Ami Louis
C’est amusant, cette adresse a le don d’insupporter la terre entière. Pourtant, celle-ci s’y réunit. Dans ses élites, semble-t-il. Qu’est-ce qui peut bien énerver de la sorte?! Sans doute une sorte de facilité insolente (la même que l’on reproche aux Costes), une réussite indéniable et ce autour de recettes bêtes comme tout: le foie gras (hautement banal) et le poulet rôti avec ses pommes allumettes. Quoi qu’on en dise, ce dernier reste l’un des meilleurs de Paris. Il est rôti à la minute, provient des meilleurs élevages et est servi entier. Allez vous aligner là-dessus, pendant que la concurrence réchauffe, chipote, marge (à l’exception de D’Chez Eux, même fournisseur, ce qui n’est pas par hasard). La réussite de l’Ami Louis, c’est un casting sidérant, un mélange sexy où tous âges, toutes races et toutes beautés se mêlent dans une ambiance bon enfant. Et ça, croyez-moi, dieu que c’est agaçant. Surtout lorsqu’on n’a pas sa table.
L’Ami Louis, 32, rue du Vertbois, IIIe. Tél.: 01 48 87 77 48.
9. Le Flore
C’est sans doute ce que nous réserve de mieux la rive gauche. Une exposition identique à celle duBonaparte et des Deux Magots (pour mémoire, Sénéquier à Saint-Tropez est plié de la même façon) avec soleil pour le petit déjeuner et coucher pour l’apéro. Coincé entre deux librairies, épaulé par un club de nuit (Le Montana), le Flore n’a plus qu’à croiser les jambes, qu’il a souvent fort jolies. Si le premier étage est le repaire des faux planqués, la terrasse a ses amateurs pour sans doute un défilé unique au monde: les Parisiens et les Parisiennes et leur désinvolture, leur faux-semblant et leur émoi. À qui sait picorer sereinement, il y a là une pâture hautement civilisée. Le vin blanc est servi froid (parfait), le croissant a du mou dans la corne mais les salades sont spirituelles (le club sandwich sans pain de mie) et les pâtisseries se sont améliorées. Restent les rires et les conversations: inégalables.
Le Flore, 172, bd Saint-Germain, VIe. Tél.: 01 45 48 55 26.
10. Le Petit Vendôme
Quoi qu’on en dise, le sandwich reste l’une des armoiries de la gastronomie parisienne. Mais hélas, il est de plus en difficile d’en trouver d’épatants, de dignes.Balt (15, rue Monsigny, IIe) certes et ici et là des tentatives honnêtes mais l’un de nos préférés reste celui du Petit Vendôme, à deux pas de la colonne. La baguette a une classe pas possible (fournisseur: Julien) et les produits jouent le terroir: jambons, rillettes, pâtés, bleus d’Auvergne. La force et la dimension unique du Petit Vendôme, c’est aussi une ambiance très parigote avec les cadres et les employés du coin jouant la gouaille et l’aplomb dans une poétique délicieuse, où les commandes passent comme des mots magiques: «le bleu du jour». Rare.
Le Petit Vendôme, 8, rue des Capucines, IIe. Tél.: 01 42 61 05 88.
Richard
26 janvier 2012 at 9 h 46 minUn top 10 des restaurants parisiens, exercice périlleux s’il en est… Classement intéressant, malgré la présence du Baratin, l’ami des journalistes mais pas des clients !
Fabrice I.
26 janvier 2012 at 10 h 27 minTrès bon article. Je vois en revanche avec tous les commentaires que j’ai pu lire qu’il y a toujours un amalgame entre « les 10 tables que le monde entier nous envie » et « le top 10 des adresses parisiennes »…
Nous comprendrons que ni l’ami Louis, ni le Flore, ni la tour d’argent ne sont dans le top 10 des tables parisiennes. En revanche, il est probable que le monde nous les envie…
Fabrice