Il y a de quoi faire la chenille dans tous les restaurants de France : le président Nicolas Sarkozy va proposer la gastronomie française à l’inscription au « patrimoine immatériel » de l’Unesco. Passons sur l’immatériel, et goûtons ce pur moment de civilisation qui nous est offert. La table a longtemps été sous-estimée, rangée au niveau du bas-ventre, et des péchés capitaux. Certes, cet univers est parfois bas de plafond, mais c’est un des derniers lieux de convivialité et de culture ouverte à tous. Car, que l’on sache, le petit pois roule pour tous, et la tête de veau offre sa langue (et sa cervelle) à qui aime nouer sa serviette. Pousser la porte d’un restaurant, monter un soufflé, décoquiller une huître pourraient ainsi faire enfin partie des pratiques culturelles au même titre que s’endormir à l’Opéra, bailler au théâtre, s’effondrer sur Ulysse de Joyce. Mieux encore, c’est redonner à ce milieu saint-sébastianisé à la TVA, aux RTT et aux heures supplémentaires un supplément d’âme, une essence et la permission de faire comme les autres, rejoindre les dieux. En somme, atteindre cette intrigante immatérialité.
PHOTO DR / Petits Pois gravés des 20 femmes iconographiques du siècle. 2001 Presented in Foodwork. La Sala Vinçon, Barcelona.
Mauss
28 février 2008 at 21 h 12 minInoui de parler ainsi du petit pois. Lors d’un passage un dimanche soir à Valladolid, en route pour une visite du magnifique domaine de Vega Sicilia, arrêt dans un restaurant du vieux quartier : La Criolla.
L’expression « vaut le voyage » prend ici un sens réel.
Le chef nous apporte, parmi une belle douzaine de plats, sur un petit rectangle d’ardoise, de simples petits pois provenant d’un jardin de la région. Cuits à l’eau, sans rien. On était 5, on est resté bouche bée.
Il faut oser, non ? Et bien, là encore le mot « sublime » sera utilisé dans toute sa signification.
Vous avez raison de ne pas me croire… si cela vous pousse à y aller !
Jacques Perrin
28 février 2008 at 21 h 57 minLes petits pois de Valladolid mûrissent très tôt cette année… François Simon, excellent votre « post ». J’ai traité le même thème sous un angle un peu différent. Je crains que tout ceci ne soit hélas qu’une tentative vaine d’arrêter le temps qui court et les mutations qui ont déjà eu lieu. Un musée de la cuisine, la meilleure du monde, un conservatoire, pourquoi pas ? Mais il est d’autres combats, plus importants, si l’on entend, tous ensemble, lutter contre l’uniformisation du goût.
Mauss
29 février 2008 at 9 h 45 minJe précise à Jacques Perrin qu’il s’agissait de petits pois surgelés par le chef, – il nous a tout expliqué – et que donc Valladolid ne bénéficie pas d’un climat particulier autorisant quelque miracle potager !
C’en est plus stupéfiant ? Et oui !
opium
29 février 2008 at 11 h 11 minIntéressante illustration : 20 visages de femmes gravés (sic) sur des petits pois charnus. Association éloquente.
Otez-moi d’un doute, il s’agit bien d’Hannah Arendt dont notre artiste a patiemment ciselé l’effigie en C4 ? Quel dommage qu’il n’ait pas jugé nécessaire d’en sélectionner 22. Nous aurions ainsi pu admirer la matrice d’un système (surdéterminé, mais ne chipotons pas avec l’Art) d’une beauté plastique à couper le souffle. Je suggère : Bonnie Parker et Martha Jane Canary (morte en 1903, ça compte !). Et vous ?
alexandre
29 février 2008 at 13 h 21 minJe ne suis pas contre qu’on parle de gastronomie, mais je préfèrerais qu’on parle de la famine qui sévit dans les pays les plus pauvres!!
Un article très intéressant et instructif:
http://www.e-citizen.tv/wordpress/2008/02/29/crise-alimentaire-mondiale-pam/
TIPOIS
4 mars 2008 at 23 h 24 minEt nous alors ?…..on aimerait bien que vous parliez aussi de nous….
http://tipois.mangeclous.eu
vous comprendrez tout !
Titbises à tous !