Le Chapeau Rouge, la tête dans les étoiles, les pieds sur terre..


Dijon, Chapeau R, salle

C'est l'état de grâce chez le chef dijonnais William Frachot, moins de deux semaines après avoir décroché un deuxième macaron. Mais qu'en est-il de l'assiette ? À Dijon, moins de deux semaines après avoir décroché un deuxième macaron, le chef William Frachot est toujours sur son nuage. Qu'en est-il de l'assiette ?
 S'il existe un spectacle réjouissant, c'est d'assister à un dîner dans un restaurant frappé par l'arrivée d'une deuxième étoile. S'il y a bien quelque chose de communicatif, c'est la félicité. C'est fou comme ça frictionne, ça rafraîchit l'âme. Il y a une grâce palpable, une candeur retrouvée. L'accélération, un peu comme une huile magique détendant les muscles du visage, emballant les carottes et les navets, facilitant les réservations.
Ce soir au Chapeau Rouge, à Dijon, le deuxième macaron annoncé lundi dernier est encore inscrit en filigrane dans le regard des maîtres d'hôtel et sur celui du chef, William Frachot. Ils sont là, trop heureux, répondent aux questions comme un footballeur après une victoire. Ils ont presque encore le souffle coupé, l'émotion perlante sur le front. On répond comme à une télévision imaginaire, avec la langue de bois propre au genre : « C'est un travail d'équipe… il ne faut pas nous reposer sur nos lauriers. » Certes, la récompense arrive toujours trop tard. On en aurait eu besoin, aux tout débuts comme un fulgurant encouragement, une tape colossale dans le dos, un foudroiement extrême…
Le maire de Dijon vient de faire son entrée avec un timing de prince, vers 21 heures. François Rebsamen est venu en famille, décoche quelques bises, salue sénatorialement. Le bonheur doit fonctionner par capillarité et logiquement, en fin de soirée, on devrait constater un hâle sur sa peau.

Dijon, Chapeau R, pigeon

On en oublierait presque l'assiette. Elle file doux. Du reste les plats valent-ils une ou deux ou trois étoiles ? Pfuit, question quasiment absurde. Autant demander à des moineaux de rédiger un traité d'ornithologie. Jouons cependant. Une demi-étoile pour les entrées (huîtres en beignets sans percussion ; langoustines pas d'une superbe fraîcheur mais bien cravachées : jus de coco et pommes acidulées) ; deux étoiles pour le pigeon bien cadré par l'amertume du cacao et quelques noisettes torréfiées ; une étoile pour le dessert : une forêt noire revisitée mais trop chocolatée et pas assez crémeuse (une larme de chantilly : ouin). 
Service en lévitation, sommellerie excellente avec un petit hic, façon de parler, un verre de vin demandé au final, certes très bon (un pic saint-loup), mais facturé 16 euros, c'est violent. La tête dans les étoiles certes, mais les pieds sur terre.
5, rue Michelet, Dijon (21). Tél. : 03 80 50 88 88. www.chapeau-rouge.fr. Comptez 100 eur à la carte ; menu au déjeuner à partir de 39 eur.

  • Auriane
    22 mars 2013 at 9 h 59 min

    Je me permets de vous informer, car je pense que cela doit être une erreur, d’une redite dans le début de l’article: vous formulez deux fois exactement la même idée…