Lancaster, la botte secrète…

Lancaster  

Pour l'été, le Figaroscope ferme quelques semaines. Dans le dernier numéro, j'ai gratté un petit texte sur le Lancaster… Le voici…

C’est tout de même marrant, mais les chefs à force de démultiplier en arrivent parfois à transparaître à leur insu. C’est pas clair ? Alors recommençons en vermicelle : autant les grands chefs sont compliqués et gentiment barbants (barbus) dans leurs tables, autant débarrassés de leur sceptre en saindoux et de leur grosse tête, ils nous reviennent tout frais de la douche dans des tables plus simples, plus accessibles.
 
Prenons Michel Troisgros dont la table de Roanne doit être un satané pensum. Pourtant, un peu partout je suis tombé sur des adresses épatantes qu’il pilote avec un vrai bonheur. A Tokyo, à l’Hyatt Regency, ce fut extra. Dans la brasserie (le Central) jouxtant le gastro, c’est impec.
 
Que dire de son adresse campagnarde, à Iguerande, près de Roanne, brute de sentiment qu’il a concoctée avec sa femme Marie-Pierre et l’architecte Patrick Bouchain. A Paris, c’est pareil, au Lancaster. Parfois, on me demande des adresses en béton pour  "dîner hyper bien". On hésite, on passe en revue les grands : souvent complets pour les meilleurs ou ennuyeux comme la pluie pour les autres. Alors, voici l’une de mes bottes secrètes. Jamais de mauvais retour… 

La carte. Elle est toujours pas piquée des hannetons avec sa classification : aigrelet des laitages, vivacité du vin, piquant des condiments, éclat des citrons et des agrumes… il est vrai que c’est plutôt fortiche de ranger les plats de la sorte. C’est même singulièrement intelligent mais voilà, lorsqu’on choisit un plat, fut-ce dans un lieu aussi civilisé, on en demeure pas moins animal. On est comme un chien au-dessus d’une gamelle. On n’a plus de tête, on butte sur la vitre. On ne retient pas plus de deux mots. Imaginez, comme c’est souvent le cas, lorsque l’intitulé dure une plombe…cela nous donne ces scènes cocasses propres au restaurant : "ah oui…humm…je prendrais bien…comment dire…le bigorneau"

Alors qu’il s’agit d’une " étuvée de saint pierre de petite pêche du Guilvinec du matin, en son jus mirifié de palourdes, sèches de Sicile, escarbilles de bigorneau et sa compotée retour de Roissy, patchouli de Duty free shop, marascinade de whisky trente ans d’age." Du reste, si l’on jetait un coup d’œil sur le carnet de commande, il doit aussi avoir des raccourcis aussi saugrenus que le nôtre. Les plats. Le plaisir de cette cuisine pilotée par Michel Troigros et exécutée par Julien Roucheteau (tiens son nom est inscrit sur la carte, ce qui est plutôt rare pour être mentionné), c’est sa vivacité, leur légèreté incisive comme ces pétales de saint pierre à la rhubarbe. Il y eut ensuite un filet de barbue à la nage remarquable. Dans ces cas là, on passe délicatement la serviette sur les lèvres, comme sur un mirage. Ce fut excellent.

 MAIS ENCORE… 

Le service. Ca va, bien ! 

Est ce cher ? en regardant la note ce matin, c’est un peu bonbon : 258 euros pour un excellent moment gastronomique et une belle bouteille de Collioure (Shistes) . Mais, il y a beaucoup abordable pour les déjeuners sur la terrasse : 

Faut-il y aller ? C’est clair, oui ! 

Le Lancaster, 7, rue de Berri, 75008 Paris (01.40.76.40.18). Map

  • corentin
    16 juillet 2009 at 12 h 27 min

    c’est en effet une tres belle adresse, de connaisseur. Du charme, du soigné, du paisible et… un régal !

  • Djinnz
    17 juillet 2009 at 9 h 10 min

    « dont la table de Roanne doit être un satané pensum », ça veut dire quoi? PAs grand chose, je suppose. Autant tester…ou fermer sa gueule.

  • papillon
    17 juillet 2009 at 13 h 37 min

    Cher François,
    Merci pour cet article élogieux sur mon chef préféré… .
    Je fais un « pélérinage » à Roanne (oui, oui c’est l’effet que me fait sa cuisine..) une à deux fois par an.
    Avant d’être un chef très, très doué,
    Michel Troisgros est un homme fort sympathique, humble et généreux.
    Pour moi, tout dans son hôtel restaurant Roannais respire le bon goût… .
    N’était-ce pas le guide Zagat US qui l’avait désigné l’an passé comme « meilleur restaurant du monde »… ?
    Comme quoi nul n’est prophète en son pays…

  • marie
    22 juillet 2009 at 8 h 42 min

    à réserver donc