« Et quand je n' délire pas, j'en arrive à me dire / Qu'il est plus humiliant d'être suivi qu'suivant / Au suivant, au suivant, / Un jour j'me ferai cul d'jatte ou bonne sœur ou mandiant / Enfin un d'ces machins ou je n'serai jamais plus / Le suivant suivant suivant / Jamais plus le suivant suivant suivant suivant "
Jacques Brel, Au suivant
Rien de plus troublant qu’une recommandation pour un restaurant, on a l’impression de se glisser dans les chaussons d’un autre. Ou de se retrouver dans la chanson de Jacques Brel, Au Suivant. Notre invitée de la semaine a eu la bonne idée de nous envoyer du côté de la Porte de Versailles, voir si nous y étions.
"J’espère qu’il ne va pas nous le démolir" avait- elle précisé devant qui de droit. Je suis donc parti avec mon tractopelle à chenille, mon casque à pointe et trois lance-flammes au cas où ça remuerait encore. On ne sait jamais avec ces bestioles-là, les recommandations, ce genre de petits communiants dont on retirerait les ailes une à une. J’étais en train de décharger les bidons de napalm, les mines anti-chefs, le désherbant à moustache, les grenades à la moutarde – la routine quoi- lorsque j’ai vu devant le restaurant (le restaurant du Marché) un rideau de bambou. Mon cœur s’est fendillé immédiatement. Pas de doute, ce restaurant valait qu’on s’y déplace…
L’ambiance. Ici, c’est comme une couverture. On a envie de s’y enrouler : tables de bois poncées par le temps et des flacons, luminaires à boules, bocaux de fruits confits, solide comptoir à vous broyer les genoux, machine à trancher le jambon, banquettes de moleskine…Vous connaissez la chanson, cette photo sépia…Le carrelage, et puis les clients, très à l’aise, en phase, délayant les couplets.
L’assiette. L’ardoise du jour est assez calme sans grands tremblements, ses croustillant de pieds de porcs désossés chèvre chaud, foie gras maison… C’est l’assiette qui est surtout parlante avec une tarte fine de rascasse joliment troussée avec cette pointe très légèrement acidifiée qui vous emballe le tout.
Mais le gros coup de vent s’abattit sur le hachis parmentier de canard. Ouah, un vrai petit bijou onctueux, délié, fondant. À tel point que mon sans gêne de voisin pourtant accaparé par un honorable saint-pierre ne cessa de fourchetter dans mon plat. J’ai dû le menacer de mon tractopelle pour qu’il arrête de pelleter de la sorte mais le gredin m’avait déjà débarqué le tiers du plat. Super en tout cas dans ses ramifications que l’on imagine bichonnées : viande mise à genoux le nez dans le jus de truffe, cuissons lentes et tout ce que l’on imagine (étouffée, effilochée). Du coup, le dessert (une poêlée d’abricots, glace vanille) passe doucement, sans vous tirer par la manche.
MAIS ENCORE…
Le service. Très plaisant, paisible et bienveillant.
Est ce cher ? la formule est à 32 €, avec quelques petits suppléments ici et là et un baux de provence à 38€ , on arrive à 118,50 €. Ça passe.
Faut-il y aller ? Yep !
Restaurant du Marché, 59, rue du Marché, 75015 Paris (01.48.28.31.55) INFOS PRATIQUES MAP
Fulgurances
22 septembre 2010 at 18 h 44 minEt dire que je suis passée devant plusieurs fois sans oser, merci de me donner des ailes, j’habite à deux pas… Si vous devenez un aficionados du 15ème, tentez l’Annexe du Dirigeable, superbe accueil, très bon vin nature et « cuisine doudou » qui remplit très bien son rôle…
Georges
23 septembre 2010 at 3 h 31 minUne merveille de restaurant dans son jus, je le connais depuis plus de 30 ans, rien n’a changé,c’est trés rare à ce niveau.
Evitez quand meme d’y aller en période de salon ou foire à la porte de Versailles.
François G
24 septembre 2010 at 10 h 37 minL’adresse est 59, rue de Dantzig, et la station de tramway « Georges Brassens ».