C'était mercredi dernier dans le Figaroscope, voici une petite visite au restaurant de l'immeuble Kenzo….
Et voilà, les terrasses, voilà l’été ! C’est sans doute le couplet le plus attendu de la capitale. Après un mai frisquet à se cailler sous la cendre islandaise, voilà venus les jours légers. Il était grand temps de sortir des mets caloriques, du potiron et de la châtaigne. Maintenant, l’estomac va prendre ses quartiers, savourer sa revanche, s’alléger, regagner l’apesanteur, tutoyer les dieux (tu parles !) sortir de cette gangue hivernale. Pour se débarrasser de ces habits, la terrasse reste le lieu idéal, le plus parisien. On s’y délasse, on y mate, on déjeune du bout des lèvres. Les plats regagnent leur statut ancillaire, les voilà aux pieds, assujettis, presque déplacés. C’est comme une vengeance, le caprice est maintenant à table. Parmi les nouvelles terrasses, le Kong a aménagé dans un recoin, une petite terrasse planquée, taillée comme une pointe de gruyère. Stark y est allé de son crobar…
Le décor. On retrouvera ici ce qu’est devenu depuis l’auto-parodie de Starck : les mêmes gimmicks, comme une ritournelle sous la douche qui tient presque de l’autodérision : la surdimensionné théâtrale, le lyrisme en candélabres, l’outrance amusée, la simili- bibliothèque et sa cheminée. Bientôt, on y verra des faux livres se consummer, avec des playmate en hologrammes. Personnellement, cela m’amuse toujours autant, n’y croyant plus, mais j’en connais qui sont capables de faire demi-tour dans la demi-seconde, cracher par terre. Oui sait même sur un quidam ?! C’est qui me vient en mémoire. Une histoire florentine du XIVeme siècle. Castruccio, un facétieux cruel, invité à dîner par un riche citoyen de Lucques qui venait de faire redécorer sa demeure dans le style le plus somptueux, le plus ostentatoire qu’il soit, tentures luxueuses, sol de mosaïques multicolores à motif floral (…) Après avoir bien regardé autour de lui, il cracha soudain au visage de son hôte, expliquant qu’il ne savait où le faire sans abîmer quelque chose…
La table. Bien obligée, la table s’est coulée dans le même bain. Nourritures anecdotiques, misant plus sur le visuel à l’instar de ce carpaccio de bœuf façon japonaise milligrammé, retenu comme un baiser du bout des lèvres. C’est charmant, limite. Ne veut surtout pas se prendre au sérieux. Et ne l’est pas. Fraises gariguettes fonctionnant également à l’allusif sans trop y perdre de plumes. Ça passe d’autant mieux que l’on était juste venu croquer un morceau de ciel (taillé au dessus de nous comme un miroir cassé), se darder au rayon. On ressort comme ravi de ce holp up, préservé, plus léger, juste dépossédé de quelques dizaines d’euros.
MAIS ENCORE…
Le service. Alterance peu banale de grand garçon style lieutenant pas commode (fut elle Louis XIV) et gentils en costume, accompagnée de traditionnelles jeunes femmes accortes en costume national.
Est ce bon ? Pas mauvais, malin.
Est ce cher ? On ne peut pas dire. Certes le carpaccio joue dans l’estompé mais n’est ce pas ce que l’on cherchait ? 39,50 euros pour quelques pâquerettes.
Faut-il y aller ? Pour cet instant manucuré, il y a des amateurs.
Kong, 1, rue du Pont Neuf, 75001 Paris (01.40.390.900). Map
Martine Vatel-Toudire
7 juin 2010 at 11 h 21 minCurieux ce mélange de déco boudoir de cocotte et d’assiette évanescente. Mais comme vous dites, il y a des amateurs pour ça.