Juillet, enfin…alors, nourritures de farniente !

 

Eden, salade cabane

Il faudrait sans doute découvrir les plats dans leur plus simple appareil. Au bord de la piscine. Au soleil. À l’air. À poil. Nus comme les vérités qui sortent des puits. Là, on pourrait parler. Ou ne rien dire. Laisser faire. J’ai le souvenir ainsi d’une daurade, probablement royale, préparée par un chef prolixe. Elle  arrivait lentement sur la terrasse d’une méditerranée bleuie. L’intitulé était long.  Un vent ce jour-là poussait distraitement. Ce fut un spectacle saisissant de voir le plat se dévêtir. À mesure que le garçon avançait avec son offrande, le plat se désossait. Des poudres, des herbes se firent ainsi la malle. Lorsque l’assiette arriva sur la table, il ne restait que l’animal allongé. C’était parfait. Le plat avait été resculpté. Qu’est ce finalement qu’une sculpture ,si ce n’est retirer ce qu’il y a de trop sur le bloc de marbre. Alain Chapel, grand cuisinier à Mionnay, disparu un peu trop tôt (1937-1990), avait cette réflexion que chaque cuistot devrait se punaiser au milieu de sa  barbe de trois jours : <Pourquoi je m’ennuie à faire un feuilletage pour ces asperges alors qu’elles sont admirables simplement pochées ?!>.

Les nourritures de piscine, de bord de plage, devraient être de la sorte. Marcher innocemment les pieds nus, le muscle allègre, la tête légère. <Ne pensez pas>, disait Nietzsche. Peut-être aurait-il du aller faire un tour du côté des cuisines. Il le fit. Se moqua des nourritures allemandes. Célébra les tables italiennes.

 Ces dernières sont magnifiques lorsqu’elles oublient le reste du monde ; elles s’asphyxient et se font minables lorsqu’elles s’enmichelinent. Les nourritures de farniente sont celles qui vont droit à l’esprit. Parce qu’elles le ménagent. Prennent soin de lui. Elles aiment le corps car elles ne l’alourdissent pas. Les meilleurs plats de l’été sont ceux qui longent le manque, aiguisent la faim, jamais ne la comblent. 

 

  • Gregory
    9 juillet 2012 at 11 h 41 min

    pas tout à fait d’accord avec vous lorsque vous dites que les tables italiennes se font minables lorsqu’elle s’enmichelinent…je vous laisse aller découvrir Uliassi et Cedroni dans les Marche, Enrico Crippa à Piazza Duomo à Alba, Andrea Berton à Milan et je vous en passe..en voyageant j’ai noté que les cuisines italiennes et espagnoles sont vraiment au top, je parle de cuisine moderne, pour le classique il y a les trattoria..je vous laisse découvrir http://www.altissimoceto.it il y a pleins de belles adresses avec une cuisine italienne méconnue en dehors de la botte, et de sacrées surprises

  • lucia
    10 juillet 2012 at 19 h 15 min

    Cher François, cette fois je ne suis pas du tout d’accord avec vous quand vous dites que les tables italiennes se font minables lorsqu’elle s’enmichelinent. Sans doute vous n’avez pas gouté à la cuisine de Claudio Ruta à LA FENICE de Ragusa (Sicile) ou alors celle de Ciau Tornavento en Piémont. François, allons, pas vous…

  • Marco
    11 juillet 2012 at 11 h 57 min

    Cher Francois, le crédit photo s’égare un peu de la pure gastronomie car, perdu entre l’huile d’olive et autres sel et poivre, la volupté d’un sein dénudé se dessine à l’horizon. En même temps on ne savour vraiment un repas que bien accompagné 😉

  • Gould
    16 juillet 2012 at 14 h 49 min

    Petits seins de bakélite à l’Eden Roc.