Hummm… réserver au téléphone

 

Voici l'un des exercices les plus délicats de vie urbaine : réserver dans un restaurant. Cela semble aisé, mais vous allez voir dans quelques années, cela fera l'objet de manuel de survie. Déjà à l'étranger, cela se passe, pour les grandes tables, via internet. On découvre les disponibilités (maigrelettes) et l'on bâtit sa vie ainsi. En France, c'est un peu plus coton. Notre recommandation : soyez en pleine forme, la voix bien embucheronnée. Si vous avez un filet de voix style poussin émasculé après une soirée d'anniversaire, évitez. Exercez vous d'abord et molletonnez votre ton en pensant à l'épaisseur d'un portefeuille, prenez votre respiration. Puis attaquez, attention cela va être bref, mais si vous souhaitez avoir une table pour le vendredi soir suivant à une table en vue, il s'agit d'être percutant. Lorsque c'est complet, n'abdiquez pas. Mettez le pied dans la porte, demandez à diner plus tôt, plus tard, en vitesse, au bar, sur la terrasse, dans le jardin, à quatre pattes sur la caisse, debout dans la poubelle…Il y a toujours une place. Recommandez vous sans vergogne, souvenez vous du prénom du directeur de salle (surtout ne vous trompez pas:appeler Gérard un Philippe, peut être fatal), suggérez la liste d'attente. Soyez gentil, aimable, doux (mais ferme) mais ne lâchez pas. Si c'est vraiment complet, faites comme si vous n'aviez pas compris. C'est, rassurez vous, très français. <Vraiment complet-complet?!>. Oui monsieur, complet, complet, complet. Alors dans ces cas là, il ne faut surtout pas craquer, prendre une option pour le vendredi suivant.Mais notre recommandation dans ce genre de bastille imprenable, c'est de réserver une fois sur l'autre lorsque vous quittez le restaurant.

(photo F.Simon, réalisée au Baratin).