Humeur: le troublant cadeau du chocolat…

Le figaro Madame a eu la gentillesse de m'héberger le temps d'un édito surun thème délicat: les femmes et le chocolat…Essayons donc…

 
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IL Y A UN CADEAU FORT TROUBLANT À FAIRE À UNE FEMME. Non point un parfum, terrain hautement glissant; ni une lingerie (en principe) et son lexique quelque peu chargé. Mais une tablette de chocolat. Pour l'avoir expérimenté, il y a là un autre domaine presque inapproché, une sorte, précisément, de noman's land. Les hommes, lesgarçonsn'ont rien à faire dans ce carré privé. Car nous voilà dans l'intimité de la bouche, sagestuelle en dualité biblique : croquer/laisser fondre. On approche le saintdes saints.Ondevrait baisser les yeux, seretirer, sesigner. Le chocolat, surtout sans ses carrésque l'on craque, est une planète tropproche de soi, trop incandescente.

il dit tout de nous. La façon de deshabiller la tablette. Doit on l'arracher, la malmener ? Ou alors décoller lentement les pliures, laisser les pans s'entrouvrir comme on le ferait d'une robe de chambre. Approcher le papier argenté, aller le desceller lui aussi dans les coins, le soulever comme un voile de tulle. Ensuite, on ne sait plus ce qui se passe. Il faudrait éteindre la lampe de chevet. Faire lanuit. Elle serait brune, chocolaterait dans les détours, cacaoterait dans les murmures. Il y a autre chose dans le chocolat qui ne cesse d'intriguer. C'est cette propension actuelle à l'amertume. Parfois, c'est absurde, notamment au-dessusde 71%. On entre dans l'immangeable. C'est étrange aussi. C'est une steppe sans une ombre, un drôle de désert. On n'entend que soi; une sorte de murmure narcissique. Vous touchez alors une notion que notre siècle maîtrise mal.

TOUT COMME LA TRISTESSE, L'AMERTUME EST UN LEVIER. C'est elle qui soulève les plus grands plats, certes (commele lièvre à la royale), mais c'est aussi ce formidable levier qui accède à notre âme. Un pied-debiche. Si on la laisse dans son mouvement, c'est vain et rosse; rêche et blessant. Si on continue de pousser, de soulever, un rai de lumière apparaît. Pourquoi étions-nous tristes, pourquoi étions-nous amers? Onapprend alors la réponse. Son usage est du domaine personnel.On comprend mieux alors pourquoi ce cadeau si anodin, du ressort de l'épicerie, est en fait comme un passe-partout, une formule secrète. Notre âme,nous l'ignorions, s'en trouvre dans notre bouche. ?

  • Angelika Witt
    16 avril 2013 at 2 h 26 min

    Je suis désolée si ce n’est pas le bon endroit, mais je voudrais faire un commentaire à propos de la dernière chronique dans le Figaro Magazine, « Mixer la vie comme un DJ »: « le parfumeur » Jo Malone est une femme http://www.vogue.co.uk/spy/biographies/jo-malone-biography