Helen, nouveau repaire du poisson haute couture

Paris, helen, salle
La nouvelle était passée presque inaperçue. Du style, chut, passez votre chemin, il ne se passe rien. Allez voir ailleurs. Allez vous étourdir chez Miss Ko et autres babioles enfantines. Mais, s’il vous plaît, ne restez pas stationner  ici. L’adresse était connue sous le nom de Chez Catherine, qui eut son heure de gloire avant de s’affaisser lentement. La rue n’est pas aisée, cela dit. Elle coude, relie des axes passants. Souvent, de ce genre de localisation, jaillissent des excellents, la tête ruisselant d’algues. Précisément, voici Franck Barrier (en salle) et (en cuisine) Sébastien Carmona Porto. Pour vous rafraîchir, ils viennent tous deux du Duc, boulevard Raspail. Logiquement, dans votre tête, cela devrait faire cling-cling. C’est l’un des transferts les plus spectaculaires de l’année, niveau Ibrahimovic et Thiago Silva au PSG. Le Duc, c’est, pour mémoire, l’académie du poisson, la magnifique adresse balançant entre chic et snob. Cette fois-ci, cela se joue sur la rive droite.

Paris, Helen, poulpe
To
ut de suite, notamment au déjeuner, vous allez piger que les tablées sont aiguës comme des lames. Parlé martial, pénombres murmurantes, réponses au laser. Parfois, ça donne les chocottes. Untel parle du gouvernement, on attend qu’un ministre se lève d’une autre table pour argumenter. Bobines lustrées de près, épidermes caressés aux instituts, poils brillants, mâchoires d’acier. Une voiture avec chauffeur vient de déposer un homme pressé portant son sac de cabine. Dans la nacre de ses yeux, l’adrénaline du pouvoir, l’effroi d’une biche.
Paris, helen, barbue
Pour attirer le gratin, il est évident que l’on ne va pas servir des sot- l’y-laisse au miel de Thessalonique. Mais plutôt le poisson dans son iode, dans sa vérité sauvage. Tout est là, cette dernière est l’ultime métal précieux de notre temps. On veut manger juste, la bonne provenance. On veut placer sa bouche sur le geyser naturel de la santé. C’est parfait donc. Ce sera ici avec la panoplie divine : carpaccio de saint-jacques au poivre de Timut, mérou, bar de ligne, sole meunière, salade de poulpe, ou encore ce chapon arrivant en montrant ses dents, sidéré de se retrouver de la sorte rue Berryer. Il est cuisiné comme à Murtoli. Ne posez pas de question, prenez et mangez, c’est divin. Itou pour les moules d’Espagne, incroyables de netteté, cuites à la vapeur et sadisées par un aïoli exemplaire. Au service,
, Franck Barrier joue très haut et entraîne derrière lui quelques serveuses réservées et précises. Pour les prix, c’ est là où ça se corse. Prix écarte-péquenots : plus de 100 euros par personne. Menu-carte au déjeuner pour les radins à 48 euros.
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HELEN 3, rue Berryer, VIIIe. Tél. : 01 40 76 01 40. Fermé dim. et lun. et certains jours fériés faute d’arrivages.
  • air max tn
    10 avril 2013 at 9 h 40 min

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