Ducasse tête

R0010776

Et c'est comment le nouveau Ducasse à l'hôtel Plaza Athénée..ben, voyons si vous voulez bien…

C’était l’un des événements de la rentrée. Pensez donc Alain Ducasse allait faire la révolution, raser sa table, bouleverser les codes, faire une carte ramassée en 24 mots. Du coup, on s’est dit qu’à côté, le reste n’était que du menu fretin, de la roupie de sansonnet. Il était question de dépouillé, de gothique, voire de tourner le dos à la flamboyance. Un grand coup de clairon dans la sieste environnante. Autant dire qu’au journal, on était au taquet, la patte en l’air, l’imprimerie en alerte. Nous avions réservé depuis un mois, et ce jeudi 30 nous avions le cœur en habit.

La salle du Plaza Athénée est toujours aussi réfrigérante dans sa morne verticalité. On a peau y mettre du soin, des artistes, de l’art, elle reste coincée, au garde à vous. Certes le Michelin doit adorer ce genre de mausolée tout à la gloire de son règne, mais il serait bon de rappeler qu’aujourd’hui nous sommes au XXIeme siècle. Les temps changent, comme dit la chanson, qui n’est pourtant pas d’hier. Le service dirigé par Denis Courtiade garde toujours  son qui-vive amusé, qui ne demande qu’à se marrer, coulisser, embarqué ce navire militaire en dehors des eaux territoriales.

R0010779

L’assiette swingue correctement à l’instar de cette composition de fruits et légumes (55€) sublimée dans le cocasse, avec l’apparition d’une pomme, râpé comme une truffe, avec cérémonie et gants blancs. Le reste du repas louvoie  entre tradition (le coq en pâte jus périgueux en remarquable pithiviers : 90€) et modernisme néo-chic pauvre (le homard avec ses pommes de terre : 90€).On sent à vrai dire, une cuisine à l’écoute de son temps, comme un sous-marin perdu dans les fonds, à l’image de haute gastronomie tâtonnant dans l’obscurité, cherchant l’interrupteur. Il cherche, fait girouetter le sonar , accumule les informations, les micro tendances (le locavore, les produits éthiques, la santé, la crème du bocage normand  ), les additionne. Dans ce pic et pic et collégram, débouche sur une haute cuisine parlant toute seule.

Malgré le minéral annoncé, elle s’est alourdie de pompes et de circonstance, s’est menottée dans des prix nés de l’étourdissement des années 80 (comptez 500€ à deux). Jouant sur cette marelle étrange, elle cherche aujourd’hui à retrouver un public passer ailleurs depuis belle lurette (bistrot, table gentille, lieux souples). Dévalant la gouttière dressée par les guides et leurs manies anxiogènes, elle cahote peinée et incomprise. Cela dit, aller dans le nouveau Plaza (reste une expérience totalement étrange, datée (une sorte de no time land), souvent bonne. La haute gastronomie va bientôt figurer parmi les derniers exotismes de nos époques. Et qui sait rejoindre la cohorte de ce qui nous attend : Beyrouth, Séoul, Alep, Sao Paolo, Hanoi…

25, avenue Montaigne, 75008 Paris (01.53.67.65.00 déjeuner jeudi et vendredi ; dîner du lundi au vendredi).

PLUS d'INFOS MAP

 R0010784

 

 

  • Paule
    11 octobre 2010 at 23 h 05 min

    Je ne comprends pas votre titre… il manque un mot ?