Désolé, mais j’aime bien le VIP Room, why ?


Paris, Goia, salle
 

Les restaurants de nuit sont de drôles de bestioles. Effrontés, en marge, postés dans la posture. Il n’y a qu’eux pour échapper au jour, à la glu normative. Ils virevoltent. Se fracassent dans les sunlights, brûlent la chandelle par les deux bouts. C’est bien pour cela qu’ils nous fascinent ou nous laissent exaspérés. Ils nous font tout simplement un pied de nez. Parce qu’eux jouent le jeu de la comédie. Mieux, ils surjouent, s’activent au soufflet, font frétiller la braise. Allez, au hasard Balthazar, rue de Rivoli, au 188 bis, cela s’appelle le VIP Room. Il y a, au premier niveau, au-dessus de la boîte, un restaurant pure night, pas coupé. Il est comme par hasard d’inspiration italienne et se nomme La Gioia.
L’HEURE D’ARRIVÉE. Bien évidemment, si vous pointez votre petit museau vers 20 h 30, c’est totale erreur. Ce que je fis pour vous, pour mieux choper le gâteau lorsqu’il monte. Arrivée à 22 h 30, l’idéal, la cuisson est bien avancée, la dorure se pointe, vous allez être gobé dans le flot fortiche. Laissez venir, monter tout doucement et vous verrez petit à petit le lieu se dévêtir tout en se remplissant. Les gens arrivent et c’est à ce moment qu’il faut les apprécier. Ils sont debout tout neufs, vaillants, presque offerts, quasiment au sortir de la salle de bains. Jolies madones en grosses boucles, microégéries en joues ultracreusées au blush, tornades juniors en cils bleus. Et même des mannequins des deux sexes, tout en mèches, en oeil de biche, en frayeur narcissique. Quel bonheur, quelle voilure ! La vie devrait être ainsi toute la journée, dans les haubans, le grand foc, la hune, tout là-haut, plus près de toi, Seigneur.

Paris, Goia, salade
 

Les nourritures ne sont pas sottes, elles ont compris que ce ne serait pas elles les stars de la soirée. Cela dit, elles jouent bien, tortillent, assument les intitulés, à l’instar d’une salade Karl Lagerfeld à base de king crabe. Le cabillaud nacre à souhait et se détache bien. Il n’y avait que le tiramisu à se planter royalement dans une totale vacuité. Crémeux certes dans sa verrine, mais sans quasiment de biscuit retors, de sophistication musquée, juste un souffle de sèche-cheveux. Bizarre.
Quant au service, lui aussi pige que s’il est une des poulies de la soirée, il n’est pas non plus la bielle, le piston. Il est en coulisse, actionne, huile, facilite, détend, impulse une énergie retenue. Bien, avec ce quant-à-soi nécessaire. À notre table, impec en tout cas. Pas donné. Ben oui, c’est également une boîte de nuit, l’accastillage est pur Inox. Presque 200 euros à deux pour faire chauffer les pneus.
LA GIOIA 188 bis, rue de Rivoli, Ier. Tél. : 06 77 07 77 07. Métro : Louvre. Du mardi au samedi, de 20 h 30 à tard la nuit. Voiturier.
  • martin
    21 novembre 2012 at 18 h 37 min

    Et arriver au Pied de Cochon à 5H45 en commandant une soupe à l’oignon c’est pas mal aussi niveau « resto de nuit ». Bien que hors contexte nuit (donc papilles moins exigeantes) cet endroit n’ai guère d’interet mis à part le cadre

  • cyril
    27 novembre 2012 at 21 h 10 min

    Très belle photos d’assiettes 🙂
    Vous devriez les ajoutez sur http://www.mon-assiette.com/assiettes.html
    Cyril