Dehors, ouste, raus ! Le geste qui sauve…

 

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Humm, mauvaise nouvelle pour les gredins et les gredines, la goujaterie est certes un art (et une posture) mais elle doit régulièrement s'actualiser. Le téléphone, en la matière, reste l'un des meilleurs tremplins pour l'immortalité. Poser son téléphone, voire ses deux plaquettes de cirage noir, sur la table est déjà particulièrement indigeste mais le pire reste à venir : lorsqu'un des deux se met à sonner ou trembloter comme une gelée. Lorsqu'on se retrouve dans ce genre de vis à vis, sa situation ne tient plus qu'à un (coup de) fil. Vous êtes comme une parenthèse, une attraction vivante, un amuse bouche ; l'important est devant vous. L'imminence d'un coup de téléphone ; qui appellera ? Dieu, Dick Rivers, Daniele Gilbert, Bernard Arnault ? Vous ne savez pas, mais le potentiel est là. Surtout si l'appel vient d'un prénom (Javier, Brice, Nicolas). Lorsque votre vis à vis place ainsi ses mines anti personnels, vous avez intérêt à être souple, à formuler pitch, des phrases de poche, toutes courtes. Savoir disparaître dans l'instant, la virgule. L'attente peut paraître interminable, et logiquement, votre téléphoniste va vérifier si ces prothèses fonctionnent bien, quitte à bluffer (sms important, nouvelle de la bourse). Il en est qui feigne l'appel, parte dehors respirer, pour revenir soulagé et plus mystérieux encore. C'est parfois les restaurateurs qui ont le dernier mot. Cela se passait au tout début de cette douce calamité. Sans doute dans un restaurant étoilé de la Rive droite, le directeur de salle prit le téléphone et le plongea dans le seau à glaces. Aujourd'hui, cela relèverait du procès au pénal.

(photo F.S.)

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  • Gould
    2 décembre 2011 at 22 h 45 min

    Bien vu!

  • SERIEUX
    3 décembre 2011 at 13 h 42 min

    C’est une triste expérience que j’ai déjà vécu (le convive atteint de téléphonite, pas le téléphone jetté dans le seau !).
    Pour l’anecdote, sur la rive gauche, dans les années 90, un restaurateur précisait sur sa carte que « les portables étaient dommageables pour les organes reproducteurs des homards et du personnel de salle ».
    Vous avez forcément dû le voir François Simon.