C’est l’une des adresses les plus prestigieuses au monde. Au seul énoncé de Maxim’s, on bascule dans un siècle pâmé, chavirant dans l ’Art nouveau, les cocottes et les grands ducs, « cercleux, pschutteux, fêtards et paillards » (revue Le Chic, 1895).
Tout Paris venait s’y faire éclabousser aux flashs des photographes. Il en faudra du temps pour éteindre le feu sacré. Les lumières, les banquettes sont déjà fatiguées lorsque Pierre Cardin reprend l ’institution (1981). Il aura beau se démener, consolider la maison, installer des ascenseurs, multiplier les licences, rien n ’y fera. Aujourd ’hui, Maxim’s se meurt. Des chefs se succèdent, viennent souffler sur la braise. Mais ça ne prend toujours pas.
Dernier en date, Olivier Guyon a fait un sacré chemin (Goumard, Daniel Boulud) avant d ’atterrir rue Royale. Il vient même de retoiletter la sole Albert (72 eur ), ce qui est assez gonflé. Certains vont crier à l ’iconoclasme. On devrait leur servir l ’ancienne sole Albert et son nappage de linceul, sa chapelure qui lui tombait dessus comme une étole sur des épaules dénudées. La nouvelle est vive et fidèle à son temps. Le reste de la carte essaie de faire bien. Elle est honnête avec un vrai métier, parfois trop appuyé (légumes concassés, trop de salière sur les fèves accompagnant la côte de veau …). Mais les plats ont ce balancement hésitant : rester dans le siècle passé ou accompagner les dernières sarabandes.
Alors, serait-ce la salle ? Je vous mets au défi de trouver accueil plus courtois et dévoué. Nous étions combien mercredi dernier ? À peine quatre tables d ’égarés tentant d’être égayés par un duo de musiciennes au kitsch montmartrois. Une pianiste étonnée, une clarinettiste attaquant The Dock of the Bay d’Otis Redding assise sur sa chaise de cretonne. Il y avait des moments inégalables. Mais pathétiques. Que dit la chanson à propos ? « Sitting on the dock of the bay/Watching the tide roll away ( …) Wasting my time » (assis sur la jetée, à regarder la marée baisser … perdant mon temps).
Maxim ’s mérite mieux. La maison mérite un public, plus de champagne, de pourboires, de diamants et de cols cassés, de petits maîtres et de jolies ensorceleuses. En fait, nous reprochons à Maxim ’s ce que nous vivons (l ’atonie). Lorsque les équipes de football peinent dans leur championnat, il est rare que l ’on change tous les joueurs (ce serait assez cocasse). Alors on s’en prend parfois à l’entraîneur.
Maxim’s devrait s ’inspirer de cette injustice. Pierre Cardin devrait passer la main à un autre entraîneur, piocher dans le vivier, doper la salle : dénicher un Costes, un Ducasse, un Robuchon, un Gagnaire (la liste est belle), et donner une nouvelle chance à cette adresse magnifique. Dans le quart de seconde, avec les recettes du moment (une salle glamour), elle redémarrerait du feu de Dieu. Vous seriez les premiers à courir. Nous serions ravis de vous suivre. Pierre ?
Maxim’s, 3, rue Royale, 75008 Paris, tél. : 01 42 65 27 94. Map Web
papillon
5 mars 2009 at 10 h 51 minDucasse? bof…
Robuchon? mouais….
Gagnaire? why not…
Même si je trouve que la gastronomie française mérite mieux que le monopole de ces quelques chefs (dont la plupart ne cuisinent plus soit dit en passant…).
Mais Costes??? alors la vous me décevez cher François!! A part faire de la déco « tendance », des compils de music lounge et embaucher un personnel hautain et prétentieux je ne vois pas l’interêt de la marque « Costes »… .
Gould
5 mars 2009 at 12 h 13 minDéjà chroniqué l’année dernière non?… « déjà vu » comme dirait les Américains
Sunny Side
5 mars 2009 at 13 h 54 minBen c’est votre fête ces jours-ci ????
@rmelle
5 mars 2009 at 14 h 42 minNous sommes contradictoires car lorsque le Maxim’s sera repris et relifté, on regrettera ce temps où de charmants fantômes se baladaient sans nous déranger, et le plaisir de lire ces ambiances simonesques…