Chez Graff, c’est bien parti…

Paris, Graff, salle
Vous connaissiez le père, l’excellent Jean Guy Lousteau (Carré des Feuillants, Au Bascou), voici à présent le fils, Thomas. Il est venu s’installer rue de Bellechasse, en association avec l’équipe de la Laiterie Sainte-Clotilde. Ajoutez à cela un chef japonais formé à l’Astrance et vous aurez quasiment dans le shaker les composants d’un succès annoncé. Ne pensez pas pour autant que les jeunes gens ceinturés de tablier blanc sont allongés dans leur hamac en comptant la thune. Que nenni, on sent l’énergie fébrile des adresses qui démarrent, l’odeur des pneus, les portières qui claquent et la clientèle qui vient à pas menus. Un restaurant qui démarre reste toujours un moment émouvant dans la gastronomie. On discerne la rampe de lancement, les réservoirs regorgent de carburant, la douce explosion commence et personne, personne ne sait comment sera la trace dans le ciel. Souvent le chef appuie trop sur le champignon, les serveurs parlent trop fort (ou pas assez) ; les clients manquent (ou sont de trop). On ne réalise jamais combien ces débuts sont des petits miracles de la nature, alors que Paris s’effraie, se tient à la rambarde, grelotte et renâcle.

Paris, Graff, legumes
 

L’assiette quant à elle  découpe aussi  l’époque en suivant les pointillés. La musique est maintenant connue de tous : légèreté, vivacité et produits au taquet. Il n’est plus besoin de grimper aux rideaux, faire tourner la boule à facettes. Aujourd’hui, l’assiette brille par sa visibilité, sa clairvoyance. Inutile de mettre des doubles feutrines et des retours au crochet : b a ba, juste l’alphabet récité en articulant : soupe froide de petits pois/céleri-rave et fruits exotiques ; huîtres de Marennes/gelée de concombre pomme verte et cresson sauvage. La salade de légumes croque à souhait, s’enroule dans le joli et l’émincé pendant que la bavette Angus Aberdeen (16 eur) effectue parfaitement sa sortie avec une marinade au miso, sel et poivre offensifs, le tout joliment melonné avec un dôme de roquette et parmesan. Desserts régressifs dont une mousse au chocolat bien scélérate et vicieusement chocolatée.
Paris, Graff, bavette
Au déjeuner, la clientèle est constituée des  sérieux du coin extraits des ministères, des voisins descendus voir ce qui se passait, des foodies collectionnant leurs images Panini et puis le reste.
 Comptez dans les 25 euros au déjeuner et 35 euros le soir.
CHEZ GRAFF 62, rue de Bellechasse, VIIe. Tél. : 01 45 51 33 42. Fermé sam. et dim.
  • Hrundi V. Bakshi
    19 juin 2013 at 13 h 12 min

    « Des foodies collectionnant leurs images Panini  » ; top !

  • emmanuelle
    19 juin 2013 at 15 h 48 min

    « l’assiette quant à elle découpe aussi l’époque en suivant les pointillés ». topppp

  • LobsterMayo
    20 juin 2013 at 2 h 55 min

    il est remarquable de noter comment les nouveaux restaurateurs réduisent les frais: plus de nappes et des serviettes de table à minima.
    En revanche les additions sont toujours aussi
    sévères.